La Covid-19 et le confinement font exploser les violences à l’égard des femmes
C’est parti pour 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (Vbg). Une campagne initiée en 1991 par des activistes du premier Institut international pour le leadership des femmes. Elle démarre chaque 25 novembre avec la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, pour prendre fin le 10 décembre, date de la commémoration de la Journée des droits de l’Homme. « Orangez le monde : financez, intervenez, prévenez, collectez ! » est le thème retenu par les Nations Unies pour l’édition 2020 de cette campagne qui se tient dans un contexte particulier. Celui de la pandémie de la Covid-19. La crise sanitaire mondiale, déplore Onu Femmes, a fait exploser les violences à l’égard des femmes. « Alors que les mesures de confinement introduites pour freiner la pandémie de Covid-19 forcent tous les humains à se retrancher dans leurs domiciles, on signale une hausse inquiétante des actes de violences perpétrées à l’encontre des femmes, une violence qui atteignait déjà des niveaux pandémiques», s’alarme l’organisation. Dans son rapport également, Antonio Guterres, secrétaire général de l’Onu, constate que la crise s’est accompagnée d’une hausse subite des cas signalés de violences domestiques, au moment même où différents services de justice, de santé et d’accueil sont réaffectés à la lutte contre la pandémie. Un traitement à double vitesse que dénonce Mme Phumzile MlamboNgcuka, directrice exécutive d’Onu Femmes, « Nous avons toutes et tous pu observer l’étroite corrélation qui existe entre la pandémie de Covid-19 et l’augmentation des cas rapportés de violence de tous types. Nous l’appelons la pandémie fantôme. Nous avons également pu constater la différence de traitement, par exemple la façon dont nos sociétés et nos services publics répondent à la situation de celles et ceux atteints d’une maladie mettant leur vie en danger, et de celles qui demandent de l’aide parce que leur partenaire représente une menace pour leur santé ou leur vie », interpelle-t-elle. Rien que l’année dernière, 243 millions de femmes et de filles, révèle la directrice d’Onufemmes, ont subi des violences sexuelles ou physiques de la part de leur partenaire. Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka appelle de ce fait à un sursaut mondial contre les Vbg. « La collaboration entre les États, le monde scientifique, la société civile et les industries a véritablement changé la donne face à la pandémie actuelle. C’est une collaboration de cette ampleur et de cette nature, à cette échelle-là et plus encore, qui serait nécessaire pour éliminer la violence à l’égard des femmes, dans tous les pays et à tous les niveaux : sociétal, communautaire, familial et individuel », estime-t-elle.
DAO MAÏMOUNA