Une initiative pour mieux comprendre les actions et opérations financières de la BAD (Banque africaine de développement) dans le cadre de la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Directeur exécutif de l’ONG Lumière Synergie pour le Développement (LSD), Aly Sagne a instruit, le lundi 18 juillet dernier, au Plateau, une dizaine de journalistes ivoiriens sur les engagements de la Banque pour la finance verte. Il a articulé son exposé autour de quatre axes principaux : la présentation de la BAD, la transition verte et la justice climatique, la politique dans le secteur de l’énergie de la BAD et comment influencer les investissements de la BAD. D’entrée, l’expert de la société civile a rappelé que la BAD est la première institution de financement du développement de l’Afrique. Sa création remonte au 4 août 1963 à Khartoum, au Soudan, et elle est composée de trois entités : la Banque africaine de développement, le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigéria (FSN).
Avec un capital de 220,64 milliards de dollars américains et ses 82 pays membres dont les 54 du continent et 28 autres non-africains, la BAD a pour mission, selon M. Sagne, de stimuler le développement économique durable et le progrès social dans ses pays membres régionaux, contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté. Et cela, à travers trois leviers : les opérations hors projets (prêts d’ajustement structurel, prêts de réformes institutionnelles, assistance technique, conseil en matière de politique économique) ; les initiatives de réduction de la dette des pays membres régionaux (africains) ; et la facilité juridique (assistance, gestion des contrats miniers). S’agissant de la lutte contre le réchauffement climatique, l’expert a mis en doute les engagements de cette institution, qui a promis de fermer les centrales à charbon en Afrique pour faire place aux énergies renouvelables. «La Bad ment quand elle dit qu’elle va nous conduire vers la transition verte » a martelé Aly Sagne, ajoutant que « 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité ». Comme preuves, il brandit le projet de construction de la centrale électrique à charbon – l’un des combustibles les plus polluants – de Sendou, dans la ville de Bargny au Sénégal pour lequel la BAD a accordé un prêt de 60 millions d’euros, soit près de 40 milliards de FCFA ; celui de la centrale électrique au gaz de 390 MW d’Atinkou (Ciprel V), à Jacqueville en Côte d’Ivoire d’un montant de 404 millions d’euros dont la BAD participe au financement via un consortium de bailleurs de fonds ; ou encore le projet de centrale électrique à double combustible de 120 MW de Malicounda (au Sénégal) pour un coût global de 177, 039 millions de dollars dont 56,877 millions de dollars fournis par la BAD. Autant d’actions qui rendent Aly Sagne pessimiste quant à la politique énergétique de la Banque africaine. Enfin, le militant écologique a exhorté les acteurs de la société civile à se doter des outils pour influencer les investissements de la BAD. Notons que la phase opérationnelle de cette rencontre a été pilotée par Mme Marthe Pedan Coulibaly, présidente de Coalition ivoirienne pour les défenseurs des droits de l’Homme (CIDDH).
Y. Sangaré