C’est un sommet décisif qui s’est tenu à New-York. Macky Sall, Umaro Sissoco Emballo, Alassane Ouattara, Nana Akuffo Addo et leurs homologues chefs d’Etat de la Cedeao se sont retrouvés dans la grande métropole américaine, pour une réunion extraordinaire. Au menu de leurs discussions, l’évaluation des recommandations formulées le 03 juillet dernier à Accra sur les transitions en cours en Guinée et au Mali. A cela, s’ajoute l’épineuse question relative à la situation des 46 militaires ivoiriens retenus par Bamako. Pour le cas guinéen, les militaires au pouvoir sont plus que jamais dans le collimateur des dirigeants de l’autorité sous-régionale qui semblent perdre leur patience. Les autorités de Conakry pourraient bien subir cette fois-ci leur courroux. Car sur les principales exigences de la Cedeao, à savoir la proposition d’un calendrier acceptable de la transition (ne dépassant pas 24 mois) et la relance d’un dialogue inclusif, le statu quo perdure. La junte reste droite dans ses bottes et refuse tout diktat venant de l’extérieur.
D’ailleurs, Mamadi Doumbouya tient président en exercice de la Cedeao, pourtant présenté au départ comme un « allié » de Conakry. Pour preuve, lorsqu’Umaro Sissoco Embalo a affirmé fin juillet qu’il avait trouvé un accord avec le dirigeant guinéen sur une transition n’excédant pas deux ans, Conakry s’était vite empressé à le démentir. Pour le président de la transition guinéenne, c’est le contenu qui importe et non la durée, rappelait-il en début août. C’est dans ce contexte de « brouille» que le médiateur désigné de la Cedeao dans la crise guinéenne a mené ses consultations à Conakry. Thomas Boni Yayi est arrivé à New-York, mardi 21 septembre, où il a pris part au sommet. Avant de prendre une décision (de sanction ou non) contre la Guinée, les chefs d’Etat de la Cedeao ont d’abord écouté et analysé son rapport de mission. Dans ce document, Thomas Boni Yayi a listé les points d’accord et de désaccord avec les autorités de la transition guinéenne et fait des recommandations à Conakry et aux États membres. Le désaccord majeur porte sur la durée de la transition. Pour le président Embalo, les 24 mois convenus ne sont « pas négociables » et l’hypothèse de « lourdes sanctions » est « sur la table ». La question des 46 soldats ivoiriens encore détenus au Mali a été également évoquée. Sur le sujet, après la phase des négociations, la Cedeao pourrait hausser le ton. Depuis quelques jours, des voix s’élèvent pour demander la libération sans conditions des 46 militaires ivoiriens. Umaro Sissoco Embalo (Président en exercice de la CEDEAO), Geoffrey Onyeama (ministre des Affaires étrangères du Nigeria) ou encore Antonio Guterres (SG de l’ONU) ont dit leur agacement face à l’attitude des autorités maliennes, de même que le président Bazoum pour qui Alassane Ouattara a été « trahi » par son voisin malien. De son côté, le chef de l’Etat ivoirien qui demande la libération sans délais de ses soldats, verrait d’un mauvais œil la non résolution dans un bref délai d’une crise créée de toute pièce par la junte militaire au pouvoir à Bamako.
Autre point de crispation avec le Mali : l’application du chronogramme établi à Accra au mois de juillet, en même temps que la levée des sanctions frappant Bamako et devant « conduire à des élections et au rétablissement d’un régime civil » d’ici 2024. Naturellement la menace djihadiste a été aussi évoquée. « Les forces armées maliennes sont à Ménaka, elles y seraient avec leurs supplétifs russes, mais cela n’a pas empêché cette dégradation et jamais la tension entre communautés peul et touareg n’a été aussi vive qu’aujourd’hui. Il y a des risques de massacres à grande échelle entre ces communautés» s’inquiétait le président nigérien, lors d’un entretien accordé à France 24 et Rfi. Les cités de Ménaka et de Gao pourraient-elles tomber aux mains des jihadistes ? « Ménaka, c’est très probable », a répondu le président du Niger qui dit être convaincu que les jihadistes de l’EIGS attaqueront Ménaka, tout en révélant que le terroristes ont fait de grandes avancées autour de Gao. Ce vendredi, on en saura, avec la publication du communiqué final sanctionnant ce sommet, les décisions prises par les chefs d’Etat de la sous-région.
TL avec RFI