La Société de gynécologie obstétrique de Côte d’Ivoire (SOGOCI) plaide pour l’autorisation de l’avortement sécurisé par le gouvernement ivoirien. A l’occasion de la journée internationale de l’avortement sécurisé, le mercredi 28 septembre 2022, l’association a animé une conférence de presse, à son siège, à la Riviera palmeraie, pour interpeller le gouvernement sur le sujet. Et, surtout sur la nécessité de légiférer sur l’avortement sécurisé. Dr Abhé Eliane, secrétaire générale de la SOGOCI, a exhorté le gouvernement à aller plus loin sur la question en donnant la possibilité aux personnes qui le désirent de pratiquer l’avortement dans un environnement adéquat (une structure de santé), avec du personnel médical qualifié. Cela, a-t-elle estimé, réduira les avortements clandestins risqués. Car, l’avortement, dira-t-elle, est un fléau en Côte d’Ivoire. « Plus de 6 avortements sur 10 sont à risque selon l’enquête PMA 2018-2020. Selon cette même enquête, le taux d’avortement est de 33% en Côte d’Ivoire dont 66% sont à risque. Le nombre d’avortement chez les femmes de 15 à 49 ans est estimé à plus de 230 000 sur l’année », a indiqué Dr Abhé Elianne. Parmi les nombreux obstacles liés à l’avortement sécurisé la praticienne a pointé du doigt la question de la volonté politique. « La Côte d’Ivoire n’autorise l’avortement qu’en cas de viol ou lorsque la santé de la mère est en danger. Mais, et les cas d’inceste, de santé mentale de la femme », a-t-elle interrogé. C’est en cela que Pr Guié Privat, chef du service gynécologie du CHU de Cocody, a demandé un changement des règles. « A partir du moment où la personne décide d’avorter et qu’elle ne peut le faire que de façon clandestine, sa santé est en danger. L’avortement, c’est comme la traversée clandestine de la mer pour rejoindre l’Europe. La personne sait que c’est dangereux mais, elle le fait quand même. Donc elle est en danger », a-t-il expliqué. Selon lui, en permettant l’avortement sécurisé, le gouvernement défend tous ces enfants, surtout les plus jeunes. Car ce sont les élèves qui meurent le plus des suites d’un avortement mal fait. Par ailleurs l’avortement, a indiqué Pr Guié Privat, selon données de PMA 2018-2022, est un fléau qui touche toute la société ivoirienne. 67% des avorteuses étant d’un niveau faible et 50% sont des femmes mariées.
Dao Maïmouna