Les Africains vivant avec des maladies non transmissibles, telles l’hypertension artérielle et le diabète sont plus exposés de souffrir de cas graves du coronavirus. Pis, d’en mourir. C’est ce qui ressort d’un communiqué de presse de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rendu public hier jeudi 10 septembre. Selon une analyse préliminaire de l’OMS effectuée dans 14 pays de la Région africaine, l’hypertension, le diabète, les maladies cardiovasculaires et l’asthme sont les comorbidités les plus associées aux patients atteints de COVID-19. Ces maladies chroniques nécessitent un traitement continu. Mais pendant que les gouvernements s’attaquent à la pandémie en cours, les services de santé en matière de maladies non transmissibles ont été gravement perturbés. « (…) Des millions d’Africains vivant avec des maladies non transmissibles courent un plus grand risque de complications ou de décès dus à la COVID-19 », a déclaré la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti. Il est donc très inquiétant, a-t-elle poursuivi, de constater qu’au moment même où les personnes souffrant d’hypertension et d’autres maladies chroniques ont le plus besoin d’aide, beaucoup sont laissées pour compte. Faut-il le rappeler, l’Afrique du Sud qui enregistre près de la moitié des cas et des décès sur le continent, constate que 61 % des patients atteints de COVID-19 dans les hôpitaux souffraient d’hypertension et 52 % de diabète. 45 % des personnes âgées de 60 à 69 ans qui sont décédées des suites de COVID-19 souffraient également d’hypertension. Une enquête de cette organisation onusienne portant sur 41 pays d’Afrique subsaharienne a révélé que dans 22 % des pays seuls les soins d’urgence en hospitalisation pour les maladies chroniques sont disponibles, tandis que 37 % des pays signalent que les soins externes sont limités. La gestion de l’hypertension a été perturbée dans 59 % des pays, et celle des complications diabétiques dans 56 % des pays. La fermeture ou le ralentissement des services risque d’aggraver encore les conditions sous-jacentes des patients, ce qui entraînera des cas plus graves de maladies non transmissibles. Elle exacerbe également la susceptibilité des personnes vivant avec des maladies chroniques à la COVID-19. L’OMS s’efforce de mieux faire connaître au public le lien étroit qui existe entre les maladies chroniques et la COVID-19. Pour avancer, l’OMS recommande la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, tous deux étant liés à l’augmentation du risque de maladies non transmissibles. Il est par ailleurs important de garantir des soins primaires et des systèmes d’orientation de qualité pour permettre aux personnes de recevoir le traitement adéquat au bon moment. Il faudrait également disposer d’une variété de médicaments et de techniques pour favoriser le diagnostic et le traitement précoces des maladies non transmissibles. Avant la pandémie actuelle, les maladies non transmissibles constituaient un problème de santé majeur, qui touchait un nombre croissant d’Africains. En 2015, les maladies non transmissibles ont tué 3,1 millions de personnes dans la région africaine, contre 2,4 millions en 2010.
ANZOUMANA CISSÉ