Il y aura de nouvelles démolitions de maisons à Abidjan. L’opération sera conduite par le ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité. Elle va concerner pratiquement toutes les communes du district d’Abidjan. Pourquoi une telle opération d’envergure ? Le premier responsable de ce département, le ministre Bouaké Fofana, était devant la presse le vendredi 27 mai 2022, à l’auditorium de la Primature, pour expliquer une telle décision. Il s’agit, a-t-il déclaré, de sauver des vies humaines. Plus précisément de faire partir les personnes qui habitent les zones à risques et dont les habitations peuvent s’écrouler avec les fortes pluies qui s’abattent actuellement sur le district d’Abidjan.
«A l’analyse, il se trouve que 95% des morts et des drames surviennent dans 54 zones bien identifiées dans les 13 communes du Grand Abidjan. Nous avons donc décidé de lancer ensemble, une opération d’envergure dénommée ‘’ Pour sauver ma vie, je quitte les zones à risques’’. Il s’agit de faire partir les populations habitant dans ces zones à risques avant les grandes pluies de juin-juillet-août », a expliqué Bouaké Fofona. L’opération, a-t-il poursuivi, débute le 5 juin. Huit communes (Adjamé, Anyama, Abobo, Cocody, Port-Bouët, Yopougon, Bingerville) sont concernées. 4000 familles, a indiqué le conférencier, seront touchées par le déguerpissement, soit près de 25 000 personnes. Selon Bouaké Fofana, le gouvernement ne veut pas vivre les drames passés. Notamment en 2018, où l’on a décompté 20 décès sur l’ensemble de territoire national, dont 18 à Abidjan. Il a expliqué que les sites ont été répertoriés en étroite collaboration avec d’autres ministères et l’Office national de la protection civile, le groupement des sapeurs pompiers militaires, le Bureau national d’étude technique et développement. « Toutes les occupations sont concernées, qu’elles soient illégales, sans titres ni droits, qu’elles soient légales avec ACD et/ou permis de construire, dès lors que les zones sont identifiées comme à risques d’inondations, d’effondrement de bâtis, de glissements de terrains, par les structures spécialisées, les mairies et le ministère », a-t-il détaillé.
Ainsi donc les bulldozers qui entreront en action à partir du 5 juin vont détruire toutes les constructions réalisées dans les bassins d’orage, dans les talwegs et sur les ouvrages d’assainissement et de drainage. « L’objectif principal, et je suis tenté de dire l’objectif unique visé, est de préserver la vie des populations exposées aux conséquences des inondations et des glissements de terrains. La SODEXAM, notre structure en charge de la météorologie, prévoit des pluies importantes cette année. Nous avons déjà vu des signes précurseurs, aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays », a justifié le commissaire du gouvernement.
Partir avant toute discussion
Tous les sites déguerpis seront sécurisés, a précisé Bouaké Fofana. Ce, afin d’éviter leur réoccupation. Et à terme, ils seront aménagés, un peu comme ce qui se fait actuellement sur le site de l’ancienne décharge d’Akouedo.
Bouaké Fofana n’a pas voulu prendre d’engagement formel. Le ministère, a-t-il toutefois annoncé, verra dans quelle mesure accompagner les personnes déguerpir à se trouver un toit sur des sites sécurisés. « L’opération devait démarrer depuis le 9 mai. Mais, nous avons laissé encore un mois pour que les départs soient volontaires. C’est pourquoi, nous espérons trouver des bâtiments vides à démolir. (…) Le principe est de partir. Une fois que les gens sont partis, tous est négociable. Le gouvernement pourra voir dans quelle mesure les accompagner », a expliqué le conférencier. Il a indiqué que son ministère est dans la même disposition en ce qui concerne les élèves en classes d’examens et dont les parents sont contraints de partir. « On verra s’il faut mettre des cars à leur disposition », a-t-il déclaré.
Notons que cette opération de déguerpissement qui va coûter 2,5 milliards FCFA sera encadrée par les forces de défense et de sécurité.
Dao Maïmouna