C’est fait. Les candidats, pour le compte du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), aux élections législatives du 6 mars prochain, ont eu l’onction de la direction dudit parti le mardi 16 février. Le président de la République, Alassane Ouattara, par ailleurs président du RHDP, a reçu ses lieutenants au Sofitel Hôtel Ivoire de Cocody à l’effet de les mettre en mission. Au terme d’une cérémonie symbolique, haute en couleurs, traduisant l’engagement du parti présidentiel à remporter ce scrutin législatif, que retenir ? D’abord, l’union sacrée autour des porte-flambeaux du parti des Houphouëtistes pour une victoire sans ambages. En effet – et ça n’a échappé à personne – le chef des Houphouëtistes n’a pas manqué d’appeler tous les auteurs et animateurs du RHDP à rester soudés et mobilisés autour des personnalités désignées pour défendre les couleurs du parti à ces échéances. Car, c’est un secret de Polichinelle, l’enjeu de ces élections est de redonner une majorité confortable et qualifiée au chef de l’Etat pour qu’il déroule sereinement son ambitieux programme de développement d’une Côte d’Ivoire solidaire et en paix, qu’il a proposé aux Ivoiriens lors de l’élection présidentielle du 31 octobre dernier. Ce nouveau deal politique du Président Ouattara, contrairement à ses adversaires qui préconisaient aux Ivoiriens la déstabilisation, l’exclusion, le tribalisme, l’ethnicisme et le chaos, donnera sans l’ombre d’un doute un coup d’accélérateur aux gigantesques chantiers engagés depuis 2011 par le patron de l’exécutif, et qui ont profondément changé le visage de la Côte d’Ivoire. Il est donc plus que nécessaire pour le parti au pouvoir d’avoir la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Toute chose qui lui permettra de poursuivre sa politique de développement et de solidarité. Pour ce faire, les militantes et les militants doivent se lever comme un seul homme pour voter massivement leurs candidats. Par ailleurs, le chapitre des indépendants a été abordé à cette réunion, notamment par le président Ouattara dans son adresse. Ce n’est un secret pour personne, en effet, que plusieurs cadres du RHDP ont fait acte de candidature, en dépit de l’arbitrage opéré par la direction du parti. Croyant certainement avoir la popularité nécessaire ou le terrain pour remporter les législatives dans leur localité, ces affranchis s’estiment légitimes à affronter leurs amis de la même famille politique. Mais à quel prix ? Assurément pas dans l’intérêt du RHDP. La discipline au sein d’une formation politique est comparable à la colonne vertébrale du corps humain. Si elle n’est pas de mise, il y a de fortes chances que le reste du corps en subisse les conséquences. La discipline, c’est l’arme du parti. Tant qu’elle n’est pas observée, il va s’en dire que toute action politique entreprise est presque vouée à l’échec. Des discussions sont toujours en cours pour ramener les uns et les autres. Mais, disons-le nettement, les ambitions personnelles ne doivent pas prendre le dessus sur l’intérêt général. Une ambition, fut-elle légitime, ne peut prospérer que dans la collectivité, la communauté. La preuve en a été encore donnée lors de l’élection présidentielle d’octobre passé. Seul on va vite, mais ensemble, on va loin, dit l’adage. Les ambitions personnelles ne peuvent avoir de l’avenir en dehors du groupe. Ces candidatures solitaires, loin de montrer la force et le poids recherchés par leurs auteurs, fragilisent l’unité du parti, le mettent à rude épreuve là où l’union des cadres devrait atténuer ses efforts. Un mur lézardé est un terreau fertile pour les aventuriers. Alors que l’intérêt du RHDP et de la Côte d’Ivoire aient raison des intérêts individuels et partisans. Enfin, la dernière leçon à tirer de ce rassemblement, c’est la responsabilité des candidats à apporter la victoire, mais surtout à ne pas céder aux appels de pied de l’opposition. En clair, l’enjeu d’avoir une majorité forte à l’Assemblée nationale repose en partie sur la capacité des aspirants à ramener la victoire au soir du 6 mars prochain. Dans la proximité, l’humilité, le respect, le quadrillage du terrain ainsi que le don de soi, les candidats cooptés doivent faire preuve d’une grande résilience. Car, ils sont en réalité, le symbole d’une lutte, d’une vision et d’un challenge. La victoire du RHDP repose sur leurs épaules. Ils doivent se battre férocement, tel un lion affamé, pour porter haut le flambeau des Houphouëtistes. Parce que, avouons-le, toutes les formations politiques de l’opposition sont de la partie. Une première dans l’histoire des élections législatives depuis 1995 dans le marigot politique ivoirien. Une autre responsabilité, et non des moindres, c’est de rester dans la dynamique de paix, de cohésion et de rassemblement. Ne céder à aucun moment et sous aucun prétexte aux provocations de l’opposition font partie des défis à relever. L’opposition sait indubitablement qu’elle n’a pas les armes politiques et l’argument nécessaire face à l’armada et aux offres de la majorité présidentielle. Elle baignera, comme à l’accoutumée, dans les discours de haine, d’exclusion et de division. Ayant manqué l’épisode de la présidentielle, l’opposition voudra jeter son venin de l’ethnicisme et du tribalisme pour tenter de gagner la confiance de ses partisans. Mais, les candidats du pouvoir ne devront pas se laisser avoir par ces propos aux antipodes de la démocratie et de l’union des filles et des fils du pays. C’est à ce prix aussi qu’ils pourront damer le pion à leurs adversaires. En somme, la responsabilité est certes grande, mais le match jouable.
FOUSSENY TOURÉ