Les grandes vacances scolaires ne sont pas vécues de la même manière par les élèves. Si cette période est mise à profit par certains pour souffler et voyager après plusieurs mois d’études, d’autres utilisent ce temps libre pour faire un petit boulot. Ainsi, ils aident leurs parents à acheter leurs fournitures scolaires à la rentrée des classes.
Aminata Touré se trouve dans ce cas. Cette élève qui habite la commune de Marcory est âgée de 15 ans. Elle vient d’obtenir le brevet d’étude du premier cycle (BEPC). Depuis la classe de 5ème, elle se reconvertit en vendeuse de chaussures durant les vacances. «Je viens d’une famille démunie. J’ai compris très vite que si je voulais continuer à aller à l’école, il me fallait travailler pour me procurer de quoi acheter mes effets scolaires », explique la jeune fille qui sort de chez elle à 6 heures du matin pour exercer son activité. Aminata Touré ne cache pas la satisfaction que lui procure son petit métier. « Dieu merci. Ce petit boulot me rapporte suffisamment pour acheter mes fournitures scolaires et quelques habits. Je contribue à ma façon à mon épanouissement », raconte la jeune élève qui se dit fière d’elle-même.
Quant à Brice Konan Yao, 17 ans qui sera en 1ère, à la rentrée prochaine, il vend des jouets pour enfants au marché de Sans-fil, toujours dans la commune de Marcory. L’adolescent aide sa mère à vendre pendant les vacances. « J’aide ma mère depuis l’âge de 10 ans. J’ai commencé par l’aider dans sa boutique. A la fin des vacances, elle achète mes fournitures et uniformes scolaires », explique-t-il. Ce commerce, soutient notre interlocuteur, marche bien. Il peut quotidiennement écouler jusqu’à 25.000 FCFA de marchandises. Grâce aux bénéfices de ses ventes, il subvient à tous ses besoins tout au long de l’année scolaire. Le jeune homme affirme que ce travail journalier ne l’empêche pas de se distraire pendant les vacances. Car les dimanches, quand il ne vend pas, il joue au foot avec ses amis. « J’apprends à être indépendant tout en m’amusant », confie-t-il.
Elève en classe de Terminale D, Kouamé Carmen passe, chaque année, ses vacances à Abidjan. Elle n’y vient pas pour s’amuser, mais pour travailler. « Je travaille comme fille de maison depuis plus de 4 ans pendant les vacances. Vous connaissez les difficultés de la vie dans les villages. Aussi, n’ignorez-vous pas qu’il n’est pas facile pour une fille d’aller à l’école dans nos villages. Nos parents préfèrent envoyer les garçons à l’école. Les filles sont soumises aux travaux ménagers. C’est pourquoi, j’ai opté pour le métier de fille de maison pendant les vacances, afin de pouvoir poursuivre mes études » explique-t-elle. En fait, durant les vacances, notre interlocutrice exerce ce job pendant 3 mois. Elle est rétribuée à 40.000 FCFA par mois. «Je gagne peu, mais j’ai toujours eu la chance de tomber sur des patronnes généreuses. Elles m’offrent des habits, des cahiers et bien d’autres. Grâce à leur générosité, j’économise mon argent pour contribuer aux besoins de ma famille », nous confie-t-elle. Ajoutant tout sourire que les week-ends, elle se promène avec ses nièces pour connaître la ville d’Abidjan.
Fabrice et Jean, deux lycéens âgés de 18 ans, ont opté pour de petits contrats. Rencontrés sur un chantier de construction pour des travaux d’aide-maçon, ils nous ont confié gagner ainsi un peu d’argent pour la rentrée prochaine. « Je préfère ce travail d’aide-maçon car par jour je gagne 3000 FCFA. Cela me permet de faire des économies et de préparer la rentrée scolaire », confie Fabrice.
Cependant, il y a des parents qui préfèrent envoyer leurs enfants au village. Pour ces parents, il s’agit ainsi de permettre aux enfants de s’imprégner des valeurs culturelles du village. Môtho Raymond, un cadre d’Agboville vivant à Abidjan, dans la commune de Port-Bouët, a opté pour cette pratique. Pendant les vacances scolaires, il fait partir ses enfants au village, accompagnés de leur maman. « En règle générale, mes enfants vont au village, ils vont jouer au football, participer aux activités culturelles du village et vont aux champ avec leurs cousins et cousines », nous explique-t-il.
Kouakou Jeannette, mère célibataire de deux enfants, préfère des vacances studieuses. « Je ne les emmène pas au village parce que les enfants de nos jours, ce n’est pas comme avant, ils feront des cours de vacances », soutient-elle.
OF et WP (Stagiaires)