Au PDCI, la sérénité n’est plus de mise. Le navire vert prend de l’eau de toute part. Son commandant de bord, Henri Konan Bédié, semble ne plus inspirer confiance à l’intérieur de sa famille politique. En effet, le président du vieux parti et son entourage donnent le sentiment de ne plus regarder dans la même direction que bon nombre de militants du PDCI. Il ne se passe plus une semaine sans qu’ils ne soient décriés. La fronde est partie de Cocody, avec la création le 13 mai 2022, du Collectif des Militants PDCI de Cocody, un mouvement au sein du parti. Elle a été suivie par et celle des secrétaires généraux de section de Yopougon, qui se sont insurgé contre le choix unilatéral porté sur un cadre par des proches de Bédié pour défendre les couleurs de ce parti aux élections municipales de 2023. Comme si cela ne suffisait pas, Jean Marc Yacé, maire sortant du PDCI à Cocody aura face à lui trois autres candidats issus du même parti qui convoitent son poste. Il s’agit entre autres de de Yasmina Ouégnin, député PDCI de Cocody et de Doulaye Coulibaly, 1er adjoint au maire de Cocody.
Le week-end dernier, le ton est monté d’un cran. Dans les principaux rôles, cette fois-ci Zongo Djénébou, anciennement directrice de la communication du président du PDCI et Maurice Kakou Guikahué, numéro 2 du PDCI. Celui qui était jusqu’à une date récente le tout puissant secrétaire exécutif en chef n’a pas pu s’empêcher, par le biais de ses avocats, de porter plainte pour diffamation. Dans une interview accordée au Nouveau Réveil, journal très proche du PDCI, Zongo Djénébou – qui affirme avoir obtenu l’accord de Bédié – a attaqué l’entourage de son ex patron. Sans porter de gants, elle s’en est pris Ehouman Bernard, actuel directeur de cabinet du président du parti doyen et par ailleurs coordonnateur général du Comité de Mobilisation et Développement des Ressources du PDCI-RDA, qu’elle accuse de faire le vide autour du président du PDCI pour régner. « Pendant que le RHDP se met en ordre de bataille, un groupuscule offre ce spectacle aux militants du PDCI », dénonce-elle. En rejetant l’accusation de détournement de 4 milliards de FCFA portée contre sa personne. Une affaire qui accable aussi Maurice Kakou Guikahué. Lui, a trouvé un autre moyen pour dénoncer les accusations portées sur sa personne. En effet, ce vendredi, Me Honoré Kouoto Atobi, avocat du secrétaire exécutif en chef du PDCI est monté au créneau. Il a décidé de porter plainte contre « des personnes encagoulées », selon lui. La guerre entre le camp Guikahué et les autres prend ainsi une nouvelle tournure. Le parti d’Henri Konan Bédié, va certainement perdre des plumes à la suite de ce procès juridico-politique qui s’annonce sans pitié. Ouvrant un front alors que le parti de Bédié n’a pas encore fini de penser la plaie causée par sa défaite le 6 mars dernier à Bodokro et qui a fait réagir Kouamé Yao Séraphin, l’un des nombreux vice-présidents du parti septuagénaire, et également député-maire de Brobo, ainsi que Me Blessy Jean-Chrysostome. Tous deux pensent que le PDCI est en danger. Ils invitent les cadres et les militants à quitter les réseaux sociaux pour le terrain. Non sans dénoncer la gestion actuelle de leur formation politique. On le voit, le parti est en danger dans le V baoulé, considéré jusque-là comme son bastion, avec la perte de Bodokro, sans oublier sa défaite aux législatives à Yamoussoukro. A cette allure, il n’est pas exagéré de dire que le PDCI risque de perdre des localités dans son bastion. La formation politique que dirige Henri Konan Bédié est en grande difficulté. Tout cela confirme le report in extremis du bureau politique du 12 septembre.
Pour autant, le bureau politique reporté au 29 septembre prochain ne se prépare pas moins dans un climat délétère. Il est même à se demander s’il ne sera pas ajourné au dernier moment. D’autant plus que, il ne faut pas l’oublier, le comité des sages avait appelé à un renouvellement générationnel, et que des militants, surtout ceux du Collectif de Cocody, avaient fait l’amer constat de nombreux dysfonctionnements dans de ce que certains maux minent le PDCI, tant lorsque la parole a été donnée à la Base lors des séminaires éclatés organisés en juin 2021 que lors des missions d’information, d’évaluation et d’écoute de mars 2022. Il y a du travail à faire avant d’aller à ce bureau politique. Georges Philippe Ezaley, le président du comité pour l’organisation pratique du Bureau politique, a-t-il eu suffisamment de temps pour régler les derniers détails ?
Thiery Latt
Que va faire Henri Konan Bédié face à tous ces agissements au sein du PDCI