«Nous n’allons pas attendre la fin de l’année 2022 pour entrer en possession de nos droits. S’il le faut, nous allons tout arrêter». C’est le message sans ambiguïté lancé, hier, par les travailleurs du Palais de la culture, par la voix de leur premier responsable syndical, Kouakou Tehua, technicien de son. C’était au cours d’une rencontre avec la presse au Palais de la culture de Treichville.
Entouré de ses deux adjoints, Léopold Boa (1er SGA) et Diane Gnagne-Adou (2ème SGA), le secrétaire général du Sytrapac (Syndicat des travailleurs du Palais de la culture) a exigé l’application de tous leurs droits acquis. D’abord, ceux qui étaient appliqués sous l’ancienne administration et sont suspendus par la nouvelle équipe dirigeante. Il s’agit, selon lui, du paiement de la gratification – payée à partir de 2002 à hauteur de 100% du salaire catégorie – suspendue depuis 2011. Ensuite, les droits acquis mais non encore appliqués. Notamment, le décret N° 2017-210 du 30 mars 2017, relatif aux indemnités de licenciement et départ à la retraite ainsi qu’à la participation aux frais funéraires, non appliqué depuis 2020 ; l’arrêté N°2020-012/MEPS/CAB du 30 janvier 2020 portant revalorisation des primes mensuelles de transport des travailleurs du secteur privé de 25 000 à 30 000 FCFA; l’arrêté N°2015-855 du 30 décembre 2015 portant application du barème des salaires minima catégoriels conventionnels de 2015 qui n’est pas appliqué depuis le 1er janvier 2015 et ce, malgré la signature d’un accord à la Direction générale du Travail, le 30 août 2017. Face à cette situation, à en croire Kouakou Tehua, le Sytrapac – après que la direction du Palais de la culture lui ait donné carte blanche- a mené depuis 2015 de nombreuses démarches auprès de certains services de l’Etat et des structures spécialisées, qui vont aboutir à la signature d’un accord de conciliation le jeudi 30 août 2017, à la Direction générale du Travail entre la Direction du Palais de la culture et les travailleurs. Toutefois, d’après Kouakou Tehua, aucun point des revendications n’a été satisfait ; lesquels portent entre autres sur l’application du barème des salaires minima catégoriels conventionnels de 2015 ; le paiement des heures supplémentaires ; et de la gratification. C’est pourquoi, a-t-il martelé, « le Sytrapac exige l’application des recommandations de la réunion du 30 août 2017 sans délai». Poursuivant, Kouakou Tehua a battu en brèche l’argument selon lequel les contractuels sont plus nombreux que les fonctionnaires au Palais de la culture et que cela devrait être l’inverse. « Si la loi sur les EPN a évolué avec de nouvelles dispositions sur le personnel, nous pensons que cette disposition ne devrait pas concerner un EPIC comme le Palais de la culture, qui est un établissement spécifique en raison de la nature particulière de l’activité professionnelle » a-t-il expliqué. Non sans s’interroger sur le recrutement de 10 contractuels pour compenser 10 cas de départ. Les responsables du Sytrapac ont, par ailleurs, déploré les difficiles conditions de travail des agents notamment l’absence de salle de repos, de car de ramassage, d’infirmerie pour les premiers soins, de contrôle médical annuel, l’insuffisance des coins d’aisance. De même, ils regrettent le manque de renforcement des capacités du personnel. Néanmoins, ils restent ouverts aux négociations pour la satisfaction de leurs préoccupations entre autres le paiement des heures supplémentaires, l’instauration des primes d’incitation, de rendement et de risques pour le personnel… « La ministre (de la Culture et de la Francophonie) a promis s’impliquer pour régler définitivement les problèmes des travailleurs » a souligné Kouakou Tehua. Ce que lui et ses collègues souhaitent, c’est que le droit privé qui les lie au Palais de la culture soit intégralement appliqué. « Nous interpellons l’Etat de Côte d’Ivoire. Au Palais de la culture, il y a une grave injustice. Nous sommes tous endettés. Comme les salaires ne s’améliorent pas, les travailleurs ont recours à des prêts. Nous vivons péniblement. Nous sommes en souffrance » a conclu Kouakou Tehua.
Y. Sangaré