Les garçons ont « chanté fort » !
Un spectacle plaisant ! C’est ainsi que les mélomanes qui ont fait le déplacement de l’esplanade du Palais de la Culture, samedi dernier, qualifient le mémorable concert donné par le duo « La Voix des Anges » (VDA). Côté qualité du spectacle, dans son ensemble, les aficionados du Zouglou sont unanimes que les deux garçons : Pitch et Jim ont convaincus. Ils ont «chanté fort», selon une expression qui leur est propre. Par-dessus tout, ce que l’on retient du concert de VDA, c’est que les deux garçons sont entrés, de la manière la plus noble, dans les annales du Zouglou, cette musique devenue désormais l’identité culturelle de la Côte d’Ivoire. Ce qui réjouit surtout les amoureux de cette musique, c’est que Pitch et Jim donnent la preuve que l’on peut faire du Zouglou sans injurier, sans verser dans la vulgarité. Par contre, par la qualité de la voix, de l’orchestration et la synchronie de la chorégraphie, on peut mettre d’accord les mélomanes ivoiriens de toutes les régions, de tous les bords politiques et autres. Ce qui tranche avec leurs devanciers, en l’occurrence, Yodé et Siro. Siro était à ce spectacle et il a vu que les jeunes gens ont, non seulement, une teneur vocale, mais également, une tenue et de la retenue dans les propos. Tout le monde s’en souvient, Yodé et Siro, dans leur dernier album ont, ouvertement, indexé des personnalités de haut rang, dont le président de la République et le procureur de la République, Richard Adou, qu’ils ont nommément cité et accusé en ces termes : «C’est quel pays ça ? Allez dire au procureur Adou Richard qu’un mort est un mort. On ne passe pas son temps à chercher des petits Baoulé dans les villages, pendant que les gens sont ici avec des machettes et ils sont bien identifiés». Ces propos tenus lors de l’un de leurs concerts à l’Internat à Yopougon leur a valu des démêlées judiciaires. Dénoncer et non injurier A l’opposé de cette manière de faire du Zouglou, Pitch et Jim sont en train de contracter un bail avec le public ivoirien. Celui de prouver que faire du Zouglou, n’est pas synonyme d’injurier et prendre parti pour une frange de la population ou opposer des citoyens en épousant la cause des uns au détriment des autres. L’autre leçon qui transparait du concert de ce groupe, c’est que le Zouglou, au-delà de la dénonciation des tares de la société, encourage des valeurs. Au nombre de celles-ci, VDA épouse «la reconnaissance». Cette valeur, comme le dit le sage, étant «la mémoire du cœur», Pitch et Jim l’ont placée au cœur de ce concert, le tout premier, pour eux. Révélés aux mélomanes ivoiriens, en 2018, par une chanson en hommage à leur mentor, feu Dezy Champion, le groupe a, selon des sources, fait venir de France l’épouse du défunt. Et la cerise sur le gâteau, c’est qu’ils ont offert une enveloppe symbolique à la dame. Et le témoignage que portent les garçons est saisissant : «Nous avons rencontré et échangé, pour la première fois, avec notre aîné Dezy Champion à San Pedro. Il nous a conseillé de venir à Abidjan pour nous épauler. Nous arrivons donc à Abidjan. Pendant que nous nous préparons à sortir notre 1er album, Dezy champion décède. Un coup très dur pour nous. Nous mettons la sortie de notre album en stand-by. Plongés dans le désarroi, nous sortons un hommage à notre aîné Dezy Champion», rapportent Pitch et Jim. Sacrés vocalistes à souhait, chorégraphes devant l’éternel, le groupe VDA est en passe de compter au nombre des nouveaux porte-étendards du Zouglou ivoirien auprès de Magic System et bien d’autres groupes côtés à l’international.
JAD