Le rôle de l’ONU dans les relations internationales a-t-elle évolué ? Notre chère Organisation des Nations Unies n’œuvre-t-elle plus pour le maintien de la paix, de la sécurité internationales ? L’actualité relative à l’arrestation des 49 soldats ivoiriens, le dimanche 10 juillet 2022, à Bamako au Mali, laisse à croire que l’ONU ne contribue plus à protéger les droits de l’homme, à fournir de l’aide humanitaire, à promouvoir le développement durable et à garantir le respect du droit international. Mais que l’organisation internationale fait aujourd’hui la promotion de la guerre au point de décorer des mercenaires.
Des contradictions si abyssales
A Bamako et à New York, les équipes de l’ONU avaient confirmé la version des autorités ivoiriennes, situant la présence des militaires dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). «Les soldats interpellés hier dimanche à l’aéroport de Bamako ne font pas partie de l’un des contingents de la MINUSMA. Ces soldats sont déployés depuis plusieurs années au Mali dans le cadre d’un appui logistique pour le compte de l’un de nos contingents», a écrit le porte-parole de la MINUSMA, Olivier Salgado. Poursuivant : «D’après nos informations, leur relève du 10 juillet aurait été préalablement communiquée aux autorités nationales. Les Eléments nationaux de soutien (NSE- National Support Element) sont des effectifs nationaux déployés par les Pays contributeurs de troupes, en soutien à leurs contingents. Il s’agit d’une pratique communément appliquée dans les Missions de maintien de la paix. Ils ne sont pas comptabilisés dans les effectifs de la MINUSMA». Les militaires ivoiriens sont donc reconnus comme étant en mission dans le cadre de la mission de l’ONU – parce que ce sont des NSE – bien que ne faisant pas partie des effectifs de la MINUSMA, selon son porte-parole.
Des propos repris par New York, tout en refusant à la Côte d’Ivoire sa mission NSE. «Les troupes ivoiriennes n’appartiennent pas aux forces de la MINUSMA. Une requête de la Côte d’Ivoire, pour déployer des Eléments nationaux de soutien (NSE), a été approuvée en 2019. Cependant, aucune troupe n’a été déployée sous cette convention depuis ce moment-là», a dit, pour sa part, le porte-parole des Nations unies, Fahran Faq. Et c’est là que le bât blesse. Selon lui, depuis l’approbation de la requête ivoirienne en 2019, «aucune troupe n’a été déployée sous cette convention depuis ce moment-là».
Mercenaires à l’honneur
Une déclaration en déphasage avec la réalité du terrain. Dans le cadre de cette convention justement, la Côte d’Ivoire est à sa 8e rotation. Avec la déclaration de Fahran Faq, même les soldats relevés, ceux du 7e contingent, sont également des mercenaires. Ce qui bizarre tout de même puisque ces derniers, avant leur retour à Abidjan le 10 juillet 2022, ont été décorés au niveau de leur base située à l’aéroport de Bamako. L’ONU peut-elle donc décorer des mercenaires ? Assurément non ! Les soldats ivoiriens rentrés au pays, le dimanche dernier, ont mené leur mission avec des insignes de la MINUSMA et donc de l’ONU. Notamment les badges permettant de les identifier et les attestations à eux offertes par la MINUSMA avant leur départ (voir les fac-similés des documents de deux soldats du 7e contingent). Mieux, dans le cadre de la rotation, les 49 soldats de la discorde aujourd’hui ont été convoyés par des avions de la SAS (Sahelian Aviation Services), avec les autorisations de survol et d’atterrissage délivrées au vu des manifests et des cargos lists.
Les soldats ivoiriens dont il est question ne font pas partie des casques bleus, ce qui est vrai, mais ils interviennent en appui de la mission de l’ONU au Mali, la MINUSMA. Leurs missions sont le soutien aux troupes, la sécurisation des sites militaires, l’aide au transport d’équipement militaire vers les deux contingents ivoiriens à la MINUSMA, la compagnie de Mopti et le bataillon de Tombouctou.
Les 49 soldats arrêtés au Mali, le lendemain de la Tabaski 2022, ne sont pas des mercenaires et leur présence est «bien connue des autorités maliennes». Tout comme l’ONU à travers la MINUSMA, sa Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali.
La Côte d’Ivoire paie déjà un lourd tribut de la situation sécuritaire au Mali. Le mercredi 13 janvier 2021, quatre Casques bleus ivoiriens ont été tués dans une attaque contre leur convoi par un groupe terroriste à 95 km environ au sud de Tombouctou. Le pays d’Alassane Ouattara, soucieux du retour à la stabilité au Mali, contribue avec un bataillon de plus de 800 hommes à la MINUSMA.
OUATTARA GAOUSSOU