«Beaucoup d’accidents sont causés par le téléphone et l’alcool au volant. Si les autorités trouvent une solution à cela, il y aura moins de drames sur nos routes ». Dans cette réflexion – pour le moins vraie – un chauffeur de taxi touche du doigt deux phénomènes de plus en plus récurrents dans la circulation. Il s’agit d’une part du téléphone au volant et d’autre part de l’alcool au volant.
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, et même la pénalité de 10 000 FCFA infligée à tout contrevenant, les automobilistes continuent d’utiliser tranquillement le téléphone au volant. Sans inquiétude ni peur. Pour eux, il n’y a rien craindre : c’est juste une pénalité à payer et, qui, plus est, est négociable, selon la tête de l’agent verbalisateur qui est un élément de la police nationale.
Ainsi, chaque jour, dans les embouteillages et souvent sur les grandes voies, les usagers de la route conduisent en téléphone ; certains vont jusqu’à répondre à des sms ou la messagerie instantanée WhatsApp. Conséquence, ils sont moins attentifs, pour ne pas dire imprudents dans la circulation et bonjour les dégâts que dénonce le conducteur de taxi. Malheureusement, souvent, le téléphone est à l’origine des accidents mortels, qui endeuillent des familles, s’ils n’emportent pas ces insouciants qui mettent leur vie en danger pour un simple appel téléphonique. L’autre acte d’incivisme, qui provoque aussi des morts sur nos routes, c’est l’alcool au volant.
Tels des inconscients, beaucoup d’adeptes de Bacchus, après un breuvage satiété, prennent le risque surréaliste de conduite en état d’ébriété. Résultats : des sorties de routes, des collisions…avec pour bout de cette course folle, des vies arrachées brutalement. A l’image de l’éminente néphrologue du CHU de Yopougon, Pr Laurence Adonis-Koffy, son époux Guillain Koffy, directeur général chez « Compagnie des caoutchoucs du pakidé » et leur dernier enfant, fauchés, le samedi 23 mai 2020 à Cocody Angré alors qu’ils faisaient leur jogging matinal par des jeunes ivres, qui sortaient d’une longue nuit de breuvage dans un bar.
Certes, la Police de la sécurité routière effectue souvent des alcootests, et procède à des interpellations, mais cela reste encore marginal au regard de l’ampleur de l’infraction. C’est pourquoi, il faut envisager des mesures plus coercitives pour juguler ces deux fléaux. Pour ne pas par exemple procéder simplement au retrait momentané du permis de conduire de ceux qui utilisent le téléphone, et à la mise en fourrière du véhicule en cas de récidive. Quant à ceux qui sont saouls au volant, ce ne sont ni plus ni moins que des criminels. Leur place est tout simplement en prison. Et nul par ailleurs. A cela il faut ajouter la suspension pour une longue durée ou le retrait définitif du permis de conduire. Comme cela se fait en Europe. Dans un pays comme la Côte d’Ivoire où l’incivisme routier est devenu presque une seconde nature, la sensibilisation a montré ses limites. Ce qu’il faut maintenant, c’est de sévir durement…
Y. Sangaré