On peut le dire. La Côte d’Ivoire est prête pour la COP 27 qui se tient en Egypte du 6 au 18 novembre prochain. Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Jean-Luc Assi, a procédé, hier vendredi 14 octobre, à la remise officielle aux institutions, aux chancelleries et aux acteurs climat du document des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) qui sera présenté par la partie ivoirienne à ce sommet sur le climat.
Jean-Luc Assi a rappelé que les anciennes CDN comportaient des « insuffisances » notamment la non prise en compte des émissions des gaz à effet de serre du secteur de la foresterie, le manque de plan d’investissement ainsi que de suivi-évaluation qui ont suscité une révision en profondeur conformément aux dispositions de l’Accord de Paris sur le climat. Cela, en vue de corriger ces insuffisances et de rehausser les ambitions du pays en matière de lutte contre le changement climatique.
Ce processus de révision, participatif et inclusif a donné ces nouvelles CDN dans lesquelles la Côte d’Ivoire s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30,41 % d’ici à 2030 par rapport à un scénario de référence. « Cet objectif correspond à un abattement chiffré d’environ 37 millions de tonnes équivalent CO2 », a-t-il souligné. Pour atteindre cet objectif, des actions majeures ont été prises en compte aux niveaux sectoriels. En ce qui concerne la foresterie, il s’agira, selon lui, de réduire significativement le taux de déforestation à hauteur de de 70% à l’horizon 2030 par rapport à 2015 ; d’augmenter le reboisement par la conversion d’un million d’hectares de terres en forêts à l’horizon 2030. Au titre du secteur de l’Energie, la réduction des émissions passera par, a-t-il dit, l’accroissement des énergies renouvelables dans la production d’électricité à 45 % du mix énergétique jusqu’en 2030 ; la promotion de systèmes de transport intelligent par le déploiement de transport de masse tel que le métro d’Abidjan. S’agissant de l’agriculture, le travail consistera à mettre en œuvre à grande échelle le système de riziculture intensif (SRI), contrôler les émissions de méthane et d’oxyde nitreux provenant du bétail et des engrais synthétiques azotés et réduire de 10% le brûlage à ciel ouvert des résidus agricoles.
Quant au secteur des déchets, la réduction des émissions s’appuiera sur la mise en œuvre de douze (12) décharges modernes et de quatorze (14) centres de valorisation et d’enfouissement technique avec récupération de méthane et ; la promotion de l’économie circulaire.
Les efforts, a fait savoir le ministre, ne seront pas orientés qu’au niveau de réduction de -30,41%. Il a, à cet effet, soutenu que les réflexions ont été approfondies et ce, jusqu’à la neutralité carbone. « Nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer que la Côte d’Ivoire pourrait atteindre cette neutralité carbone entre 2030 et 2050 à condition de bénéficier des appuis financiers additionnels et ce, grâce en partie, à la conversion de 3 millions d’hectares de terres en forêts en lien avec la Stratégie de Préservation, de Réhabilitation et d’Extension des Forêts (SPREF) », a précisé le ministre.
Selon Jean-Luc Assi, cinq (5) secteurs du développement économique ont étéidentifiés comme très vulnérables au changement. Ce sont l’agriculture, élevage, aquaculture, la Forêt et utilisation des terres, les ressources en eau, la santé et les zones côtières. Ainsi donc pour accroitre la résilience de ces secteurs plusieurs actions ont été planifiées, au nombre desquelles on peut citer : l’amélioration des technologies de production pour un meilleur rendement tout en évitant la dégradation des sols et des forêts ; la maîtrise et gestion des ressources en eau par le renforcement de la planification et de la coordination des bassins versants ; la réglementation de la construction et de l’extraction de sable sur le littoral ainsi que la construction d’ouvrages de protection active, passive et de restauration.
Le représentant de l’Union européenne et l’ambassadeur de l’Egypte ont félicité la Côte d’Ivoire pour la rédaction de ce document avant délai. Pour eux, cela traduit l’engament du pays à lutter contre le réchauffement climatique et le développement durable. Mais aussi à s’inscrire dans un processus de gouvernance mondiale.
Rahoul Sainfort