CINÉMA :
Une autre production majeure du réalisateur franco-ivoirien Philippe Lacôte. « La Nuit des rois » ou « la Légende de Zama, chef des microbes ». C’est le titre du deuxième long métrage que vient de mettre sur le marché l’un des meilleurs réalisateurs franco-ivoiriens. La projection du film, pour les hommes de médias, aura lieu le 26 novembre prochain, sous le coup de 14h au cinéma Majestic Ivoire à Cocody, en prélude à l’avant-première, le 2 décembre 2020, à l’Institut français d’AbidjanPlateau. Après cela, « La Nuit des rois » entamera sa projection officielle dans les salles d’Abidjan, deux jours après. A la réalité, Philippe Lacôte promène sa caméra dans les méandres de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), la plus grande prison de Côte d’Ivoire. Tout au long du film, la prison est surtout présentée comme un lieu de production de récits. Roman, un jeune homme de 17 ans, est obligé de raconter des histoires s’il veut rester en vie. Il se lance ainsi dans un récit qui tient compte d’une histoire collective. Le réalisateur, dans la synopsis, convoque des personnages réels en ajoutant à son récit une dimension surréaliste frisant l’extraordinaire. Le 7ème art ivoirien, un nid de réalisateurs de poids ! « Vieillissant et malade, Barbe noire est un caïd de plus en plus contesté. Pour conserver son pouvoir, il renoue avec le rituel de Roman qui consiste à obliger un prisonnier à raconter des histoires durant toute la nuit ». Les raisons d’une telle écriture, selon Philippe Lacôte, « J’ai eu l’intention d’observer la société ivoirienne en période post-crise, sous le prisme de la plus grande prison du pays. La Maca est un endroit dont je garde des images fortes et qui m’a longtemps fasciné. Enfant, je longeais une fois par semaine la forêt du Banco en taxi collectif et j’allais rendre visite à ma mère qui y était incarcérée pour des raisons politiques », rapporte le réalisateur, tout en poursuivant que, puisqu’il n’y avait pas de parloirs à la Maca, il attendait parmi des prisonniers qui circulaient librement autour des groupes de visiteurs. Dans ce film, ce sont des milliers de soldats qui vont s’affronter dans un paysage montagneux. La séquence emblématique du combat entre la reine et le jeune roi traduit toute la puissance du récit. Il est bon de savoir que Philippe Lacôte a grandi, à Abidjan, à proximité du cinéma » le Magic ». Il a réalisé, entre autres, « Chroniques de guerre en Côte d’Ivoire », un film documentaire qui frise le journal intime, « Run », un long métrage sélectionné au Festival de Cannes, avec pour trame l’histoire d’un fou errant. Par-dessus tout, avec « La Nuit des rois », c’est une véritable plongée dans la plus grande prison ivoirienne. Le film a été présenté, en première mondiale, à « la Mostra de Venise » et au « Toronto international film festival », où il a remporté le prix « Amplify voices ». Des acteurs en devenir dont que Laetitia Ky, une féministe ivoirienne, y campe le rôle de la reine. La cerise sur le gâteau, « La Nuit des rois » représentera la Côte d’Ivoire à la prochaine compétition des Oscars.
JEAN-ANTOINE DOUDOU