Ex-rugbyman, Yoboué Marc nous parle de cette discipline sportive perçue comme violente. Il aborde également sa prime de 7 millions qui n’a pas été payée.
Le Patriote : Comme est né votre amour pour le rugby ?
Yoboué Marc : Mon amour pour ce sport est venu par l’intermédiaire d’un ami, Kimou Claver. Nous étions au collège Pascal. Moi, je jouais beaucoup au basket et un soir je suis allé le voir à l’entrainement. C’est de là que tout est parti. Il y a aussi Da Sylva qui m’avait repéré dans les tribunes.
LP : Le rugby est vu comme un sport barbare, que répondez-vous ?
Y.M : C’est perçu par les gens comme un sport brut et violent. Mais les statistiques démontrent qu’il y a plus de blessés graves au football qu’au rugby. C’est vrai qu’on prépare le corps au choc mais le rugby n’est pas plus violent que la boxe ou tout autre sport. De l’extérieur, il parait violent mais ceux qui sont sur le terrain ne perçoivent pas cette violence. Donc on peut définir le rugby comme un sport de violence mais pratiqué par des gentlemen.
LP : La pratique du rugby vous a-t-elle apporté quelque chose dans la vie ?
Y.M : Le rugby m’a apporté beaucoup de choses. Ma plus grande joie a été de porter le maillot de mon pays. Ce sont des moments inoubliables pour moi. C’est grâce au rugby que j’ai obtenu mon emploi actuel.
LP : Y a-t-il des caractéristiques particulières pour être un bon rugbyman ?
Y.M : Non pas du tout ! Au rugby on a toutes sortes de formes et de gabarits. Le rugby se professionnalise et on a des joueurs qui ressemblent à des bodybuilders. Ce n’était pas le cas avant. C’est un sport où le corps doit être préparé à subir des chocs. Celui qui est mince va travailler son corps pour jouer aux ailes où on a besoin des gens plus rapides. Ceux qui sont costauds vont jouer devant. Sinon il n’y a pas de gabarit type pour jouer au rugby. Au rugby, on est obligé de faire trois à quatre séances de musculation par semaine.
LP : Quel jugement portez-vous sur le rugby ivoirien ?
Y.M : Je dirais qu’il faut travailler à avoir plus de pratiquants et ensuite les infrastructures.
LP : Vous avez eu une fracture lors d’une compétition à Yamoussoukro, avez-vous été pris en charge comme il fallait ?
Y.M : C’était en 2013 lors de la coupe d’Afrique des nations zone c à Yamoussoukro. On a été champion au terme de cette compétition. Ça n’a pas été trop médiatisé. J’ai contracté ma fracture en demi-finale contre l’Ile Maurice. J’allais marquer un essai quand la tête de l’ailier est venu taper ma cheville et l’a cassé. J’ai été transporté à Abidjan pour subir une opération à la clinique Indénié. L’opération s’est très bien déroulée. Un mois et demi après je suis reparti en France. J’ai pu rejouer et finir ma carrière. Quand on se blesse à une demi-finale d’une compétition aussi importante, c’est un grand choc. Le suivi a été difficile. J’ai été livré à moi-même. Ç’a été très dur pour moi. Après on a été reçu par le président de l’Assemblée nationale qui était à l’époque Soro Guillaume. Plus tard, j’ai appris que le gouvernement avait décaissé une somme pour les joueurs blessés lors d’une compétition, soit 7 millions de francs CFA par athlète. Mais moi je n’ai rien reçu. C’est un copain à la fédération dont je tais le nom qui m’a appelé pour demander si j’ai reçu mes 7 millions. Je lui ai dit que je ne suis au courant de rien. A l’époque, c’est Alain Lobognon qui était le ministre des Sports. Il est allé à Nice en France en 2014 où il était avec mon ami. Ce jour-là, j’ai eu la chance de causer avec le ministre au téléphone et il m’a rassuré que je serai dédommagé. Il m’avait même dit que le DAAF allait prendre contact avec moi pour avoir mon RIB pour faire le virement. J’ai fait mon devoir en mouillant le maillot. Je veux qu’on me remette mon argent.
Réalisé par Zana Coulibaly