Ce samedi se tient à Korhogo, le grand rassemblement des cadres et élus des 11 régions du Grand Nord. Principal acteur de l’organisation de l’assemblée générale constitutive de l’Union des élus et cadres du Grand Nord (UGN), le ministre Gilbert Kafana Koné dresse ici le point à quelques heures de cet événement attendu de tous.
Le Patriote : Vous organisez ce week-end à Korhogo, l’assemblée générale constitutive de l’Union des élus et cadres du Grand Nord. Où en sont les préparatifs ? Gilbert Kafana Koné : Tout se passe relativement bien. Nous attendons les délégués de tous les coins du pays et de la diaspora à Korhogo, à partir de ce vendredi. Une bonne partie du comité d’organisation, des élus ou des cadres est déjà sur place à Korhogo. Le Centre culturel de la ville et le site de l’Université Péléforo Gon Coulibaly sont prêts à accueillir la conférence, la prestation des danses et l’assemblée générale. Au vu des inscriptions et des réactions à l’appel que nous avons lancé en faveur de cette Union, je peux affirmer que les choses sont sur les bons rails. Nous attendons du beau monde, cadres, élus et danses compris.
LP : Qu’entendez-vous par Grand Nord ?
GKK : J’entends par Grand Nord, l’ensemble des régions composant le septentrion de la Côte d’Ivoire. Nous avons en tout 11 régions qui composent cette aire géographique. Ce sont les régions suivantes : Bagoué, Béré, Bounkani, Hambol, Worodougou, Tchologo, Gontougo, Folon, Kabadougou et le Poro, dont la capitale est Korhogo, la ville qui nous accueille. Il y a des liens historiques, culturels, linguistiques et sociologiques que ces 11 régions partagent entre elles depuis des lustres. LP : Qui est attendu à cette rencontre ? GKK : Bien évidemment, ce sont les cadres et les élus ressortissants des 11 régions du Grand Nord ainsi que ceux de la diaspora. Nous aurons aussi, les chefs traditionnels qui seront représentés dignement. En tout, il y aura une belle brochette de cadres aussi bien de l’administration publique que du privé ou de professions libérales qui vont se retrouver pour réfléchir à l’avenir de nos régions.
LP : Quels seront les points forts de cette rencontre ?
GKK : L’AG se tient demain samedi à partir de 9h à l’université Péléforo Gon Coulibaly. Elle sera principalement marquée par l’approbation des textes, les statuts et le règlement intérieur proposés par le comité de pilotage. Ensuite, nous adopterons la feuille de route des instances qui seront désignées. Une stratégie de politique générale sera définie. En clair, nous allons définir les grands axes que devra suivre le prochain bureau exécutif. Nous terminerons les plénières par l’élection du président du bureau exécutif et des commissaires aux comptes. Demain matin, nous aurons un devoir de mémoire. Nous irons en délégation, saluer la famille du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, principal inspirateur de cette Union du Grand Nord. Bien avant, ce vendredi, vous pourrez suivre la grande conférence qui sera tenue par des professeurs d’universités sur les thèmes : « Le Grand Nord de la Côte d’Ivoire, une région de peuplements anciens et d’intégration réussie ». Dans la soirée, nous avons une grande palette du riche et varié patrimoine culturel de nos régions. Nous verrons vingt danses originaires de toutes les régions du Grand Nord qui vont rivaliser de savoir-faire et d’engagement.
LP : Parlant du Grand Nord, certains cadres disent ne pas se reconnaître dans ce projet. Que répondez-vous ?
GKK : La Côte d’Ivoire est un pays de liberté. Tout comme l’adhésion dans une association est libre. La mise sur pied de l’UGN répond à une exigence d’ouverture, de rassemblement et d’inclusion. Nous continuons d’expliquer aux uns et aux autres, les bienfondés de cette association. En ma qualité de président du Comité de pilotage, j’ai personnellement pris le soin d’expliquer en long et en large les motivations de cette initiative qui, je le répète, n’a rien de politique. J’ai rencontré les ressortissants des quatre Districts administratifs qui composent le Grand Nord. J’ai rencontré les élus (députés, parlement et élus locaux), les ministres et les hauts cadres. Les réunions ont été convoquées publiquement, sans exclusion. J’ai eu des rencontres privées auprès de certains leaders d’opinion de tous les bords. Nous continuerons de parler aux uns et aux autres, jusqu’à ce que nous soyons compris, même par les plus sceptiques. Maintenant, certains veulent nous entraîner sur un terrain politique dans lequel nous ne nous reconnaissons pas. Pour adhérer à l’UGN, nous n’avons pas besoin de carte de militant. Nous recherchons juste des fils et des filles du Nord qui sont animés du souci permanent du partage et de la solidarité, qui sont prêts à se mettre au service du développement du Nord et des populations qui y habitent.
LP : Quelle est la situation du Gontougo dans votre projet étant donné que des cadres de cette région ne se reconnaissent pas dans votre projet ?
GKK : Le Gontougo, c’est une vérité historique, fait entièrement partie du Grand Nord de la Côte d’Ivoire. Sur cela, il n’y a pas de débat. Des historiens et des sachants nous ont fait comprendre que le peuplement de cette région, n’est pas différent de celui qui s’est fait ailleurs dans les autres régions du Grand Nord. Au plan administratif et même sociologique, Bondoukou a toujours été une localité du Grand Nord de la Côte d’Ivoire.
LP : Beaucoup d’Ivoiriens ne comprennent pas l’opportunité de votre action. Pouvezvous les rassurer pour qu’ils n’aient pas à s’inquiéter outre mesure ?
GKK : Une association a pour objectif premier, d’affermir les liens sociaux entre les membres qui la composent. L’UGN ne vise pas à se substituer aux services de l’Etat. Bien au contraire, nous nous organisons afin d’être une force de proposition, une force d’accompagnement et un relai efficace à la disposition des pouvoirs publics, des ONG et des organisations internationales. La Côte d’Ivoire a besoin de telles structures suffisamment implantées, fortes et responsables qui doivent à un certain moment, prendre le relai pour entrer dans les villages les plus reculés, dans les hameaux impénétrables, porter la parole, sensibiliser les populations, construire des infrastructures socioéconomiques de base et expliquer les politiques gouvernementales.
LP: Pouvez-vous rassurer les Ivoiriens qu’il ne s’agit pas d’une opération politique ?
GKK : Non et non ! Pour une fois encore, je répète : pour adhérer à l’UGN nous ne demandons pas la carte de militant d’un parti politique. Certains d’entre nous sont des acteurs politiques. D’autres sont des commis de l’Etat. D’autres encore, des fonctionnaires tandis que d’autres viennent du secteur privé. Vous comprenez donc qu’il ne peut pas s’agir d’une opération politique. Plusieurs sensibilités en réalité se retrouvent au sein de l’UGN. J’exhorte mes frères et sœurs à le comprendre ainsi.
PROPOS RECUEILLIS PAR THIERY LATT