Le Kéto est un mode d’alimentation basé sur la réduction des glucides (sucres) et l’augmentation des apports en lipides (bons gras) et protéines. Pour permettre aux Ivoiriens de se soumettre à ce régime dit strict et même restrictif, Mme Elisabeth Gnelkoun Yéo a ouvert un institut qui sert d’espace-conseils et de lieu d’expérimentation du Kéto. Dans cette entrevue, Mme Yéo parle des bienfaits du Kéto et de la nécessité, pour tous, d’adopter une bonne alimentation pour une vie saine.
Le Patriote : « Kéto-Afrique Ivoire », à quoi cela renvoie ?
Elisabeth Gnelkoun Yéo: A la base, le Kéto n’est pas africain, il est occidental. Mais, nous avons voulu l’africaniser parce que, pour avoir essayé le Kéto des autres, nous nous sommes rendu compte que c’était une forme d’alimentation très bonne pour la sante, mais, qui revenait super cher. Avec le docteur Tonjui Neba, un médecin nutritionniste, l’idée a été de réviser le Keto afin de l’adapter à ce que nous avons ici en Afrique, à base de nos produits alimentaires locaux, en Côte d’Ivoire, pour le rendre accessible à tout le monde.
LP : Pouvez-vous être plus explicite ?
EGY : C’est une mode alimentaire que nous adaptons à l’Afrique et spécifiquement à la Côte d’Ivoire, avec nos aliments, pour faire la différence entre le Kéto en général, que tout le monde connaît, et le Kéto africain et maintenant ivoirien.
LP : Vous ouvrez un institut qui comporte un espace d’expérimentation du Kéto. Qu’offrez-vous à celui qui y vient ?
EGY : L’Institut comprend un « restaurant Kéto africain ivoire », où nous offrons, en plus des formations en nutrition et diététique, tous les plats Kéto africains. Au nombre de ceux-ci, vous avez des mets à base de N’dolé, pinards, feuilles de patate, courge, etc. qui, cuisinés à la manière Kéto, se transforment en véritables médicaments qui soignent plusieurs pathologies.
Pour nous, ce n’est pas la restauration qui importe, mais, comment transformer ces plantes et produits alimentaires pour en faire des nutriments qui guérissent des maladies. Donc, pour nous, lorsqu’on forme les gens à la bonne nutrition, sur place, ils expérimentent comment ça nous soigne. Au lieu d’aller à la pharmacie, pour acheter des médicaments faits à base de produits chimiques, dont la composition laisse très souvent à désirer, nous faisons de la nourriture de véritables médicaments ; de sorte que notre santé se trouve dans notre assiette. Vous mangez et vous vous soignez, bien sûr, accompagnés de nos conseils. Parce que, le tout n’est pas de manger, il faut savoir aussi à quelle heure manger et quelle quantité manger. C’est tout cela le Kéto.
LP : Vous êtes un conseil diététique, mais, le côté restauration ne prend-il pas le dessus ?
EGY : Notre objectif d’abord, c’était d’ouvrir un institut afin de conseiller nos concitoyens et leur dire qu’ils peuvent ne pas avoir besoin de médicaments chimiques s’ils connaissent et maîtrisent leur organisme, s’ils savent quoi manger, à quel moment manger, comment cuisiner.
Les plantes et aliments qu’on a chez nous pourraient être des médicaments pour eux. La preuve, tous ces comprimés qu’on nous fabrique. La matière première vient de chez nous et le Kéto africain, c’est justement, essayer d’adapter cette matière première à notre alimentation. La restauration n’est qu’une infime partie, la pratique de notre objectif.
LP : Vous couplez l’ouverture de l’institut avec une formation dispensée par un médecin diététicien !
EGY : C’était important que Docteur Tonjui Neba, qui est l’initiateur du Kéto africain, vienne s’entretenir et former la population. Il a plusieurs instituts et restaurants Kéto dans tout le Cameroun dont il est originaire. Sa formation a eu de l’engouement. Sa venue a également permis de vérifier que l’institut et « le restaurant kéto africain ivoire » respecte les normes du Kéto africain. Donc, il est venu nous former, nous apprendre à cuisiner les repas Kéto, vérifier qu’on respecte les normes, la température de cuisson, et un certain nombre de choses.
LP : Quel a été son avis ?
EGY : Il est rassuré que nous maitrisons la technique de formation, de transmission des connaissances et la composition des recettes afin qu’elles impactent les pathologies dont ceux qui viennent aux formations souffrent. Il est venu pour achever cette formation que nous avons commencée depuis près d’un an et demi.
Aux Ivoiriens, nous disons que la santé n’a pas de prix. Le Kéto africain Ivoire leur permet de manger sain et de dire au revoir, pour un bon moment, aux hôpitaux.
Réalisation : Jean-Antoine DOUDOU