Il est 7h, samedi dernier, lorsque nous mettons pied à terre à Bregbo. Ce village situé à quelques kilomètres de Bingerville rendait, ce jour-là, hommage au défunt Premier ministre Hamed Bakayoko, rappelé à Dieu le 10 mars dernier. L’illustre disparu lié à cette localité, et au-delà, par des liens très forts, avait été fait fils de Bregbo. Pour l’espoir qu’il incarnait pour ce village ; à voir les multiples projets structurants déployés pour le développement de Bregbo et plusieurs autres villages Atchan, les chefs de ces localités tenaient à lui rendre cet hommage. Ce matin-là, Bregbo baignait encore dans le calme matinal brisé, par moments, par des coups de grelots et de castagnettes du « crieur » pour mobiliser le village. Des battements sobres du « tamtam du guerrier », annonçaient la solennité de l’événement. C’est à cet instant que nous arrivons sur la place publique du village. Déjà, une équipe s’affairait à mettre les dernières touches à la chapelle ardente, dressée au lever du soleil. De nombreuses chaises étaient disposées sous des bâches dressées de part et d’autre de la ligne médiane qui sépare les bâches. Un tapis rouge, une bâche blanche et un siège en fer sur lequel est posé un poster du Premier ministre Hamed Bakayoko ! Déjà, l’atmosphère était lourde. Tous ceux qui s’affairaient, à la réalisation de l’édifice, parlaient peu. « Seigneur ! Pourquoi tu nous as fait ça», se plaint O. Nantcho, en posant le poster où le Golden Boy apparaissait en entier avec son, désormais coutumier, geste de « garde à vous » qu’il expliquait de son vivant : « De par ma fonction, je pense que c’est moi qui suis, plutôt, au service du peuple et non l’inverse ». Quelques heures après, par petits groupes, dans le calme et la sobriété, les jeunes, hommes, femmes et vieux convergent vers la place publique et prennent place sous les bâches. Bien évidemment, après s’être incliné, chacun, devant la chapelle ardente. Au même moment, l’on assiste à un ballet de voitures d’où descendent les chefs des différents villages Atchan conviés à cette cérémonie d’hommage à Hamed Bakayoko. Ayant devancé ses pairs, sous la bâche à eux réservée, le chef Atcho Amany Félix, après s’être incliné devant la chapelle ardente, s’était installé pour les échanges de civilités avec ses hôtes. Il est presque 11H lorsque la délégation de M. Zoumana Bakayoko, frère ainé du Premier ministre Hamed Bakayoko, arrive sur la place publique. Une implication dans le village reconnue par tous A l’issue des civilités d’entrée, Zoumbak, baptisé « Amian Amantcho », et sa délégation prennent place sous la bâche, en face de celle de la dizaine de chefs Atchan. Plusieurs dons en numéraires et deux bœufs seront offerts par les chefs. Au moment des dons, plusieurs témoignages ont été faits sur l’espoir que constituait Hamed Bakayoko pour Bregbo et plusieurs villages Atchan. Tel qu’il l’a fait à Abatta, l’illustre disparu avait mis en route plusieurs projets immobiliers à Bregbo et ses environs. Et cela était perceptible sur la route, de Bingerville à Bregbo, en passant par « Akouè-Djemin », « Anan », « Akouê Agban », selon les dires du porte-parole d’Atcho Amany Félix, chef de Bregbo. Après tout ce rituel, dans la pure tradition où, souvent, l’émotion le disputait à la tristesse, Zoumana Bakayoko pouvait adresser tous les remerciements du président de la République, de la famille Bakayoko aux chefs Atchan. Surtout, il n’a pas manqué de les rasséréner que l’œuvre de leur fils Hamed Bakoyoko sera poursuivie « pour renforcer les liens forts qui le liait à Bregbo et à tous ses parents Atchan ». Le passage du « guerrier » et le chant d’adieu des femmes de la génération d’Hamed Bakayoko ont été le clou de la cérémonie autour de midi. Mécène et ami des artistes, le parolier Bossé Bossé a déclamé un slam en l’honneur de Hambak. Éric Sacré, lui, par son morceau « Hambak » a fait couler des larmes dans le public. Rappelé à Dieu le 10 mars dernier en Allemagne, le Premier ministre Hamed Bakayoko avait été fait, de son vivant, fils de Bregbo, d’Abatta et de bien d’autres villages Atchan. Ainsi, après son rappel à Dieu, ces deux villages, ci-dessus cités, ont tenu à l’honorer.
JEAN-ANTOINE DOUDOU