A quand l’élection du nouveau président de la Fédération ivoirienne de football (FIF) ? Bien malin qui répondra avec certitude à cette question. Même le comité de normalisation de la FIF (CN-FIF) chargé d’organiser le scrutin n’en a aucune idée. Du moins à la date de ce mardi 23 novembre 2021. A 38 jours de la fin de sa mission – le mandat du comité de normalisation expire théoriquement le 31 décembre 2021 – la Sénatrice Mariam Dao Gabala et son équipe sont encore dans l’expectative. «Pour qu’il y ait des élections, il faut qu’il y ait des textes validés. Pour qu’il y ait des textes validés, il faut qu’on ait reçu la dernière version des textes. Nous avons déjà explosé les délais. Donc ce qui est sûr, des élections le 20 décembre alors qu’on n’a pas encore évalué les textes, je pense que ce n’est pas possible», a déclaré la présidente de la normalisation, mardi, en conférence de presse dans les jardins de la Fédération à Abidjan-Treichville. Et l’élection n’est même pas sûre de se tenir avant 2022. Parce que, pour qu’il y ait élection, «nous devons terminer la mission d’assainissement des comptes, terminer la mission de révision des textes et que ces textes aient été validés par les clubs». Entourée de part et d’autre de ses collaborateurs, le Pr Martin Bléou et Me Simon Adou Abé, Mariam Dao Gabala a dit «reconnaitre qu’il y a du retard mais un retard qui s’explique». Les textes «sont toujours à la FIFA» qui doit étudier sans nul doute leur conformité avec ses statuts. Un retard qui plonge le monde du football dans le «fétichisme des dates» même si la conférencière a vivement souhaité que les Ivoiriens évitent le paganisme. Car, sans même le dire, Mme Dao Gabala sera encore en place après décembre 2021 car elle n’envisage pas quitter son fauteuil de présidente de la normalisation sans avoir terminer la mission pour laquelle elle a été nommée. «Nous avons eu beaucoup de résistance interne et externe. Et nous avons dit que tant qu’on ne nous donnera pas l’information recherchée, on ne bougera pas. Parce que nous sommes une équipe de mission et on ira jusqu’au bout», a-t-elle lancé. Laissant ainsi la latitude à la mission d’évaluation de la CAF et de la FIFA d’annoncer ce qui pourrait être la première prolongation. Les émissaires de l’instance mondiale sont attendus «à partir du 1er décembre». «La mission d’évaluation va sortir une conclusion : On arrête, on continue, ou on abandonne. Mais la dernière option n’est pas envisageable. Nous sommes une équipe de mission et nous allons terminer ce qu’on a commencé», a-t-elle averti. Plus de caution, 4 parrainages autorisés Si le CN-FIF a des incertitudes sur la date de l’élection il a aussi des certitudes. Là où il peut se prononcer en revanche sans se tromper, c’est au niveau de la caution, des parrainages, de la question du genre, du droit de vote de certains clubs,… La caution a été supprimée dans les textes alors que dans les anciens, il fallait une caution de 5 millions FCFA. «Nous l’avons trouvé petit et avons décidé de la porter même à 10 millions mais la FIFA a refusé et a même dit que ce n’est pas négociable. C’est un principe et ça fait partie des indiscutables de la FIFA». Donc pour la prochaine élection, les candidats ne débourseront aucun centime au titre de caution. Les parrainages font partie des éléments qui ont bloqué le processus électoral en 2020. Ainsi pour rendre les parrainages le plus démocratiquement possible comme recommandé par la FIFA «Nous avons simplifié les parrainages. Il a été arrêté d’avoir quatre parrainages pas plus pas moins» sans distinction de niveau. Mais attention, prévient l’éminent juriste, le Pr Bléou, au risque de perdre son éligibilité, tout candidat ne doit pas aller au-delà des quatre parrainages. Et pour tout club qui donnera plus d’un parrainage perdra son droit de vote. Autre certitude, c’est le droit de vote accordé aux équipes de division régionale et de district. Mais elles ne pourront pas en jouir à la prochaine élection. Beaumelle reste La Côte d’Ivoire a une équipe de talents et la chute à Douala – élimination à la qualification à la Coupe du monde 2022 – n’est qu’une bataille perdue et non la guerre. Mieux, elle doit servir de base pour mieux préparer les échéances à venir, a développé, la présidente du comité de normalisation. «Nous avons une équipe talentueuse. Ensemble, on a raté de près cette qualification pour les barrages. C’est une défaite mais la guerre n’est pas perdue. Il y a la CAN 2021 et surtout la CAN 2023 que nous devons préparer. Cette chute va nous permettre de prendre des mesures correctives pour permettre à l’équipe d’avancer sereinement vers la CAN 2023», a-telle lâché. Au nombre de ces mesures correctives, il y a la confiance renouvelée à Patrice Beaumelle qui reste dans ses fonctions de sélectionneur. «Nous avons eu des explications franches avec le coach à deux fois et des aménagements profonds vont avoir lieu. Nous avons eu une explication franche avec le sélectionneur et nous lui avons reconduit notre confiance. Nous sommes à un mois de la CAN – précisément 47 jours du coup d’envoi – qui est importante, que nous voulons gagner, et je pense qu’il aurait été irresponsable de changer de coach maintenant», a-telle justifié. Autre mesure corrective, c’est le fonctionnement de l’équipe nationale. «A commencer par le budget», a dit Mariam Dao Gabala. Et pour montrer que cette mesure s’impose, elle n’a pas manqué d’apporter quelques éléments de justifications : «Quand nous sommes arrivés, nous avons vu les factures d’hébergement. Les Eléphants étaient hébergés et payés en espèces à près de 80 millions FCFA sans justifications. Quand on a commencé à regarder, on est passé de 80 millions à 44 millions pour le même nombre de personnes et le même nombre de jours. Le budget de l’eau facturé pour les Eléphants équivalait à 50 litres d’eau par jour et par joueur, le transport des Eléphants de l’hôtel revenait à 1 million sur 5 jours. A chaque regroupement, il fallait dépenser 3,5 millions en médicaments…» Des décaissements non autorisés La normalisation est une mission d’assainissement. Et prise comme telle, elle a pour objectif de «sortir des comptes qui reflètent la réalité financière de la FIF». Surtout que déjà la gestion constatée conforte le CN-FIF quand il a décidé de commanditer un audit dont les points saillants révèlent des «décaissements non autorisés». «Des personnes qui n’avaient plus le pouvoir d’engager ont fait décaisser plus de 100 millions FCFA», a affirmé Mme Mariam Dao Gabala. Autres manquements, l’audit a épinglé des «paiements effectués sans facture à une société, le car régie, le contrat Jean-Marc Guillou, les stocks (…)». La Sénatrice a tout de même tenu à préciser que sa mission n’est pas de ternir l’image d’autrui encore moins guidé contre quiconque. «On ne peut pas normaliser sans toucher à des intérêts individuels qui ne servent pas la collectivité. Des gens voulaient certainement nous distraire en dévoilant dans les médias des choses que nous-mêmes n’avons pas voulu dévoiler», a-t-elle précisé. Soutenant que «s’il y avait de bonnes pratiques, la FIFA n’aurait pas arrêté sa collaboration avec la FIF depuis 2019», bien avant la normalisation.
OUATTARA GAOUSSOU