Vont-ils écouter les conseils reçus ? C’est en tout cas tout le mal souhaité à la 56ème promotion de l’Ecole normale supérieure (ENS), sortie officiellement le vendredi 19 août 2022, à l’université Félix Houphouët-Boigny qui abrite l’école. Représentant la marraine de la cérémonie, Mme Dominique Ouattara qui a accepté de donner son nom à la promotion, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique, Pr Adama Diawara, a en effet saisi l’occasion pour mettre le doigt dans la plaie de l’école ivoirienne. « Si vous regardez le budget de l’année dernière de la Côte d’Ivoire, hors traitement de la dette extérieure, 27,02 % étaient alloués aux trois sous secteurs du système éducation-formation. A savoir l’éducation nationale, l’enseignement technique et la formation professionnelle et l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Ce taux est largement au-dessus de la moyenne dans la sous-région ouest-africaine où la plupart des Etats ont du mal à atteindre 20%, là où la Côte d’Ivoire caracole à plus de 27%. Malheureusement, en retour qu’est-ce qu’on constate ? Quand on fait les évaluations, notre système est fondamentalement inefficient. Dans le classement des universités africaines ne figure aucune université ivoirienne. Le seul établissement supérieur qui est l’Institut national polytechnique se classe 142ème. Là où sont classées des universités sénégalaises, béninoises, burkinabé. Il y a vraiment un problème », a indiqué Adama Diawara.
Pour lui, la cause de ce déphasage se trouve dans les mauvaises habitudes prises par les enseignants, auxquels ils doivent impérativement tourner dos. « Les mauvais habitudes, ce sont l’absentéisme. Vous avez des enseignants qui font les ‘’gombos’’ (cours parallèles) dans les structures privées. Ils passent un peu de temps dans les structures publiques et le reste du temps, ils sont au privé. Nous avons aussi des enseignants qui sont des spécialistes des cours bâclés. Le contenu pose problème. La méthodologie pour transmettre le savoir pose problème. Il y a en qui donnent les cours à la va vite, vendent des notes et même à l’examen », a indexé le commissaire du gouvernement. Exhortant de ce fait les normaliens, au nom de la marraine, à tourner le dos à la corruption, à la paresse et surtout à ne pas céder aux velléités de revendication sans prendre en compte les réalités de l’Etat. Car « Le baptême de cette promotion Dominique Ouattara, de par son importance, constitue la preuve que le gouvernement ivoirien n’a point renoncé à son ambition de doter l’école ivoirienne de personnels compétents ».
Invitée spéciale de la cérémonie, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Nassénéba Touré, a salué l’évolution de la situation de la femme dans l’administration publique en général et dans l’enseignement supérieur en particulier. Au fil des années, les femmes et les filles se
positionnent en bonne place, a-t-elle constaté. « Par exemple, selon les statistiques de 2020, les femmes représentaient dans l’administration publique, un effectif de 83.714 sur un total de 237.483 soit 35,25%. Dans le secteur éducation/formation, on comptait 48.580 femmes sur un total de 147.720 fonctionnaires soit 32,89% », a cité la ministre de la Femme. En plus des responsabilités qu’elles assument dans l’administration, les femmes
fonctionnaires, a poursuivi Nassénéba Touré, jouent un rôle social dans la famille, dans la communauté, dans l’éducation des enfants, le bien-être du ménage et la paix durable dans le pays sans
laquelle il ne peut y avoir développement. Et cela, a-t-elle estimé, est à leur honneur.
Avec la sortie de cette 56ème promotion, l’ENS, a déclaré son directeur général, Pr Ouattara Lassiné, vient de parachever la formation théorique et pratique de 4586 normaliens dont 1022 hommes et 484 femmes pour les Directs, 2247 hommes contre 833 femmes pour les professionnelles, « prêts à servir la nation partout où le besoin se fait sentir dans le domaine de l’éducation-formation ». Pr Ouattara Lassiné a remercié la Première dame, Dominique Ouattara, la « vagabonde de la charité au sens noble du terme », à travers sa fondation Children of Africa, pour avoir accepté de donner son illustre nom à cette promotion.
Koné Ferdinand, le délégué de la promotion a abondé dans le même sens. Il a aussi exprimé les remerciements des normaliens aux enseignants pour la qualité de la formation reçue durant deux ans et au directeur général pour la réforme sans bruit entamée à l’ENS.
Dao Maïmouna