La 3ème édition du Forum d’Assouan en Egypte s’est tenue les mardi 21 et mercredi 22 juin derniers. L’événement a réuni plusieurs ministres africains et organisations internationales. Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, au nom de la Côte d’Ivoire, a pris part aux travaux. Pour la première journée, c’est autour du thème » L’Afrique à l’ère des risques en cascade et de la vulnérabilité climatique : vers un continent pacifique, résilient et durable » que les différents intervenants ont croisé leurs réflexions. Prenant la parole, le ministre Adjoumani a tout simplement relevé que « dans une situation où près de 60% de la population africaine souffre de la famine, plus de 20% n’a pas accès à l’eau potable et plus de la moitié n’a pas accès à une source d’énergie de qualité il faut demeurer solidaire ». Pour lui, face à la rareté des ressources en énergie, en eau et en alimentation, il faut trois solutions principales. La première, c’est d’apprendre à se départir des analyses et approches sectorielles pour pencher vers des approches beaucoup plus inclusives. Pour cela, a souligné le ministre d’Etat Adjoumani, il faut une volonté politique ferme, pour que la formulation des mécanismes de développement économique régional intègre le « Nexus Eau-Energie-Alimentation » qui relie différents facteurs interdépendants du développement économique et social de nos pays. La deuxième, c’est de construire un cadre de coopération régionale permettant de susciter le dialogue entre les pays qui se partagent des bassins transfrontaliers. Car, à l’en croire, seule la coopération régionale peut conduire à des résultats de type « gagnant-gagnant. « Et, c’est ce que nous sommes parvenus à faire ensemble, pour lutter contre la pandémie à coronavirus, grâce aussi notamment au concours de nos institutions telles que l’Union Africaine et la BAD », a-t-il rappelé. Toute chose qui, démontre l’obtention, selon Kobenan Kouassi Adjoumani, de meilleurs résultats, et cela, lorsque les efforts et réflexions sont fédérés. A ses yeux, c’est cette attitude qu’il faudrait dorénavant adopter, plutôt que de rechercher des solutions individuelles à des problèmes communs qui touchent toute l’Afrique. « Nous pourrions, par exemple, bâtir cette coopération régionale autour du Plan d’actions de l’Union africaine, pour la relance verte 2021-2027. Ce plan, qui est en cohérence avec l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, a le mérite d’intégrer de manière synergique les thématiques majeures pour le développement de notre continent », a-t-il signifié. Pour lui, la mise en œuvre de cet ambitieux projet est de nature à remettre les économies du continent sur les rails du développement et surtout à contribuer à la stabilité de nos États. Il a fait savoir que les modalités de la construction de cette coopération régionale pourront être examinées lors de la COP27 qui se tiendra en Egypte. La troisième, c’est de renforcer le dialogue inter-Etats, c’est-à-dire, entre pays riverains qui se partagent des bassins versants. « On constate que les prévisions sur la croissance démographique de notre continent obligeront les États à investir dans des infrastructures de mobilisation de l’eau, notamment pour une meilleure gestion de l’irrigation et de la production d’électricité », a-t-il relevé. En indiquant que 77% de des populations africaines dépendent des 64 bassins hydrographiques transfrontaliers qui fournissent 93% des ressources en eau douce de notre continent. « La construction de ces infrastructures pourrait aggraver les différends sur la gestion de cette ressource quand on sait que seulement 19 bassins font l’objet d’accords sous-régionaux. Il me semble donc impératif de renforcer les capacités financières des organismes de gestion des bassins versants existants et d’accélérer l’implantation de quelques autres, là où ils s’avéreront nécessaires. Ceux-ci constituent en effet de véritables cadres de dialogue inter-Etats», a-t-il suggéré.
«Pour que ces propositions prennent forme, il faudra d’importantes ressources financières que l’Afrique peine à trouver, malgré de nombreuses promesses et son engagement dans plusieurs initiatives internationales » a conseillé Kobenan Kouassi Adjoumani. Le chef de la délégation ivoirienne a par ailleurs préconisé «que l’Union Africaine et la BAD s’associent à l’Egypte pour que cette question soit au centre des débats lors de la COP27». L’édition 2022 du Forum d’Assouan, a abordé aussi un certain nombre de priorités de l’Afrique. Il s’agit notamment du renforcement de la coopération pour lutter contre le terrorisme, de surmonter les effets de la pandémie de covid-19, de la sécurité alimentaire et faire progresser les efforts de reconstruction et de développement dans certains pays africains. Soulignons que c’est depuis 2019 que le Forum d’Assouan a été lancé. C’est une plateforme de haut niveau qui réunit des décideurs africains, des dirigeants d’organisations internationales et régionales.
TL