La CAF vivra-t-elle le syndrome de la FIF? Tout porte le croire. Alors que la Côte d’Ivoire s’était engagée renouvelle les organes décisionnels de son football, le processus a été pris dans un engrenage. Suspendu une première fois, le processus a été simplement annulé par la FIFA qui a trouvé bon d’y installer un comité de normalisation. La Confédération africaine de football voit poindre le spectre de ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire. Alors que la Commission de gouvernance, l’un des quatre organes indépendants de la CAF, a rendu publique le liste des candidatures retenues pour le scrutin présidentiel du 12 mars 2021 à Rabat au Maroc, la FIFA se signale. Ou Gianni Infantino entre en lice. Après avoir mis le Malgache Ahmad Ahmad sur la touche, et certainement non content des tournures prises par le processus électoral en cours la CAF, il a décidé de se l’approprier. Et la personne idéale pour l’aider à atteindre son objectif se nomme Constant Omari. Le Congolais, président par intérim de l’institution, est aussitôt monté au créneau pour faire injonction à la commission de gouvernance de transmettre tous les dossiers reçus à la commission de contrôle de la FIFA pour décision. Et dire que l’organe de la CAF chargé de déterminer de l’éligibilité des candidats avait donné leur feu vert à deux personnalités, l’Ivoirien Jacques Anouma et le Sénégalais, Augustin Senghor. Le Mauritanien Ahmed Yaya et le Sud-Africain, bien que leurs dossiers soient jugés recevables, devront être situés après des vérifications complémentaires, le 28 janvier au Caire. Sous le coup d’une suspension de la FIFA, le président sortant est tout simplement déclaré inéligible. L’indépendance de la CAF et de la Commission de gouvernance en question Constant Omari, selon la note d’information sur le site de la CAF, indique que sa recommandation de transmettre le dossier à la FIFA répond au besoin de le futur président est d’office vice-président de la Fédération internationale. Ce qui est loin d’être une nouveauté. Tous le présidents des confédérations membres de la FIFA sont tous des vice-présidents. Et ce seul fait ne saurait justifier cette démarche. Cette commission créée, en avril 2019, est composée d’éminents juristes, experts dans leur domaine, dont la probité morale ne souffre d’aucun doute. Placée sous la présidence de l’Ivoirien Michel Brizoua-Bi, la commission de gouvernance comprend le Camerounais Dieudonné Happi (vice-president), la Tunisienne Maya Boureghda, la Zambienne Monica Musonda et la Sud-Africaine Ithumeleng Tumi Dlamini. Ce sont donc ces compétences qui ont passé au scanner les différentes candidatures soumises leur sagacité en se référant aux critères de bonne gouvernance éditées par l’instance internationale. Malheureusement, les conclusions des travaux de cette commission qualifiée d’indépendance sont repoussées du revers de la main par Gianni Infantino. Qui, appuyé sur un bras séculier (Omari), veut choisir les candidats autorisés à postuler pour la CAF. Remettant ainsi en cause l’indépendance de cette commission, l’intégrité de ses membres. Une façon de faire qui enlève également toute indépendance d’action à la CAF, insidieusement sous tutelle de la FIFA. Alors qu’il ne cesse de clamer l’indépendance des organes de surveillance de la FIFA et de faire entrer cette organisation dans une nouvelle ère, assortie d’une gouvernance irréprochable, Infantino est loin des belles promesses. En poste depuis le 26 février 2016, l’Italo-suisse use abusivement de son pouvoir. Au point où il est qualifié d’agent double, un homme au double langage. Dans un texte paru dans Le Matin Dimanche intitulé “Le double jeu de Gianni Infantino”, le patron de la FIFA est présenté un homme qui ne tient absolument pas ses promesses. “Vers l’extérieur, il défend l’indépendance totale des instances de surveillance de la FIFA, alors qu’il participe à leur sabordage. Il demande publiquement que le foot ne se mêle pas à la politique, mais il passe un accord hautement politique à 25 milliards. Il martèle au grand public que la FIFA dispose des règles de compliance les plus strictes du monde, mais luimême se permet d’offrir des billets pour la Coupe du monde en Russie ou la finale de la Ligue des champions à un procureur valaisan qui lui a discrètement rendu service. Le président Infantino apparaît comme quelqu’un qui ne tient pas les promesses qu’il fait à l’extérieur, de manière à pouvoir maintenir son pouvoir à l’interne”, écrit le journal suisse. Celui qui a promis de redorer l’image de la FIFA et la rendre plus responsable, celui qui engagé pour une “transparence zéro” en matière de corruption et de mauvaise gestion, se présente comme le fossoyeur du football. Particulièrement sur le continent africain. Car comment comprendre le retrait du processus électoral la FIF? Une attitude de la FIFA qui conforte ceux qui avancent sans même la moindre réserve le parti-pris flagrant d’Infantino dans le processus. Et même de croire que le Sud-Africain Motsepe est le poulain sur lequel mise l’ancien secrétaire général de l’UEFA pour contrôler définitivement la CAF. Un schéma qui s’apparente au dossier ivoirien où l’instruction de la FIFA aurait été motivée par la non-validation du dossier d’un candidat pour lequel il avait un penchant. Aujourd’hui, il est clair que la FIFA cherche à contrôler complètement la CAF. Après le coup manqué avec sa secrétaire générale Fatma Samoura, nommée en août 2019 “déléguée générale pour l’Afrique” pour une durée de six mois pour diton “apporter son expertise pour évaluer la situation et aider à accélérer la mise en place du processus de réforme en cours”, la FIFA remet le couvert. Cette fois-ci en s’invitant dans le processus électoral à la présidence de l’organisation panafricaine. Une attitude méprisante pour les compétences africaines.
OUATTARA GAOUSSOU