« Le Dialogue politique national a permis d’adopter des résolutions significatives et constructives validées par tous… Il réaffirme le primat absolu de la non-violence dans l’accession au pouvoir et la contribution de chacun au maintien d’un environnement de paix, de cohésion sociale et d’un dialogue civique franc et toujours respectueux. » Ces propos du Premier ministre Patrick Achi, tenus le vendredi 4 mars dernier, à l’issue de la clôture de la 5ème phase du Dialogue politique national, témoignent, sans ambages, du succès éclatant de ces pourparlers ivoiro-ivoiriens, qui avaient débuté le 16 décembre 2021.
Initié, à la demande explicite du Président de la République, Alassane Ouattara, soucieux de la préservation du climat de paix dans le pays et du renforcement de la cohésion sociale, ce dialogue politique a enregistré, au final, la participation de 21 partis politiques et de 26 organisations de la société civile. Il avait débuté sous les auspices du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. La première phase du dialogue politique qui s’est déroulée en 2019, a abouti à la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). A la phase 2, des points de convergence, des points d’accord avaient été trouvés. C’est le Premier ministre Hamed Bakayoko qui a poursuivi la phase 3 en décembre 2020. Il est ressorti de ces discussions un large consensus et des recommandations fortes pour la tenue des élections législatives en mars 2021 et la poursuite du dialogue sur les questions connexes. Comme convenu, les législatives se sont déroulées avec la participation de toutes les tendances politiques, dans un climat apaisé et les résultats ont reflétés la vérité des urnes. Ces acquis ont permis l’instauration de la confiance pour poursuivre la voie de dialogue. Ainsi, après un peu plus de deux mois d’échanges francs et directs, la bonne ambiance et un climat apaisé, les parties prenantes ont paraphé un accord sur le fonctionnement normal de l’Etat et de ses Institutions. Surtout, ils ont formulé des recommandations importantes articulées en trois chapitres principaux : mesures d’apaisement de l’environnement politique ; réconciliation nationale ; cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire. On retient donc, pêle-mêle, l’engagement des acteurs politiques à se départir de la violence comme mode d’accession au pouvoir; la mise en place d’un processus de réparation et d’indemnisation des victimes de la crise électorale de 2020 ; la poursuite du renforcement de la culture démocratique et du civisme au sein de la société ivoirienne ; la vulgarisation des modes alternatifs de règlement des conflits en impliquant notamment les chefs coutumiers, les guides religieux et les organisations de la société civile ; la prise en compte des réalités politiques nouvelles en vue du réaménagement de la CEI sans préjudice de l’équilibre de celle-ci ; la conduite de réflexions par le gouvernement sur le processus de découpage électoral, sur la base du relèvement du coefficient affecté au critère démographique et en maintenant les acquis ; la révision annuelle de la liste électorale par la CEI conformément au code électoral; l’amélioration du système du parrainage citoyen à l’élection présidentielle. Mais, toutes ces bonnes idées ne seront vraiment bénéfiques au pays que si et seulement si elles sont traduites – au-delà des professions de foi et autres engagements pris aussi bien du côté du Gouvernement que des autres partenaires sociaux et politiques- en actes concrets sur le terrain avec sérénité et patriotisme. C’est d’ailleurs l’enjeu crucial de ce dialogue politique, dont les résolutions ne doivent pas rester lettre morte, à l’image de celles du Forum sur la réconciliation nationale de 2021 qui n’ont jamais connu, en dépit du tapage médiatique et politique fait autour de cet événement, un début d’application sur le terrain. Toutefois, une lueur d’espoir point à l’horizon : c’est l’engagement ferme des participants à entreprendre, conjointement, des actions de promotion et de renforcement de la cohésion sociale ; engagement auquel s’ajoute, bien évidemment, la volonté affichée du chef de l’Etat de léguer aux générations futures, une Côte d’Ivoire unie et en paix. Un optimisme que partage amplement le Premier ministre Patrick Achi, qui a mené les discussions, en ces termes très évocateurs : « ce processus de dialogue incarne la force et la franchise du débat dans notre pays et l’enracinement d’une culture du rassemblement dans notre démocratie ». Avec en ligne de mire, le scrutin présidentiel du 26 octobre 2025, considéré comme le véritable rendezvous de sortie de crise après les empoignades de 2020 qui ont causé la mort de 85 personnes. Le plus gros défi qui attend, aux yeux du monde, la Côte d’Ivoire, c’est de ne plus retomber dans ses travers et de prouver qu’elle a tiré les leçons des violences de 2010 et 2020. D’où toute l’importance cruciale du Dialogue politique. Pour avoir été inclusif et transparent et surtout avec le consensus autour lui, il devrait permettre aux Ivoiriens de vivre, dans trois ans, une élection présidentielle apaisée et franche. Ce qu’ils appellent, ni plus ni moins, de tous leurs vœux. Car, comme le répète à l’envi le Président Alassane Ouattara, « sans la paix et la cohésion, aucun développement n’est possible ».
PAR CHARLES SANGA