C’est une réaction qui était attendue. Le gouvernement ivoirien a réagi, hier mardi 12 juillet, à l’arrestation de ses soldats à l’aéroport de Bamako, par les putschistes au pouvoir au Mali sous prétexte qu’ils seraient des mercenaires arrivés en terre malienne à l’insu des autorités ivoiriennes et sans qu’ils ne soient informés de leur arrivée sur leur territoire. Une réunion extraordinaire du Conseil national de sécurité (CNS) s’est tenue à cet effet au Palais de la Présidence de la République sous la présidence du chef de l’Etat Alassane Ouattara.
Le communiqué du CNS bat en brèche les allégations avancées par le régime des colonels et indique clairement qu’il s’agit de « militaires régulièrement inscrits dans l’effectif de l’Armée ivoirienne qui se trouvent au Mali, dans le cadre des opérations des Éléments Nationaux de Soutien (NSE) ». « La présence de ce détachement des Éléments Nationaux de Soutien est conforme aux mécanismes des Missions de Maintien de la Paix et est bien connue des autorités maliennes », explique le communiqué du CNS.
Quant à leur présence à l’aéroport de Bamako, il précise que c’est « en vertu d’une convention signée, en juillet 2019, entre la Côte d’Ivoire et l’Organisation des Nations Unies, et signée avec la Société Sahel Aviation Service (SAS), que des militaires ivoiriens sont présents à l’Aéroport de Bamako. Depuis cette date, 7 contingents se sont relayés périodiquement sur ce site, sans aucune difficulté », souligne la note.
Selon les autorités ivoiriennes, la junte est très bien informée de leur arrivée. « Dans le cadre de la 8erotation, le dimanche 10 juillet 2022, une copie de l’ordre de mission du contingent a été transmise aux autorités aéroportuaires maliennes, pour attester de la régularité de la mission. Le ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale ainsi que le Chef d’État-major des Forces Armées maliennes, en ont reçu copie », soutient le pouvoir d’Abidjan.
Mieux, les militaires ivoiriens ne présentaient aucun signe de menace à leur arrivée, selon le communiqué. « Aucun militaire ivoirien de ce contingent n’était en possession d’armes et de minutions de guerre, à sa descente de l’avion. Les armes du contingent, comme autorisées par les Nations Unies pour la protection personnelle et les cas d’auto-défense et selon les procédures en la matière, se trouvaient dans un second avion », soutiennent les autorités.
C’est au regard de cette méprise profonde que le Conseil National de Sécurité « demande aux autorités maliennes de libérer, sans délai, les militaires ivoiriens injustement arrêtés ». Sans omettre de rappeler que « la Côte d’Ivoire, qui a toujours œuvré au sein des instances sous-régionales, régionales et internationales, pour la paix, la stabilité et le respect de l’Etat de droit, ne peut s’inscrire dans une logique de déstabilisation d’un pays tiers ».
« Le Conseil National de Sécurité informe l’opinion nationale et internationale que les autorités ivoiriennes continueront d’œuvrer pour le maintien du climat de paix et de fraternité qui a toujours prévalu entre la Côte d’Ivoire et le Mali », indique-t-on.
Tout en appelant les populations au calme et à la retenue, le CNS assure que toutes les dispositions sont en cours pour obtenir la libération rapide de nos braves et vaillants soldats.
Olivier Salgado, porte-parole de la MINUSMA, dans une série de tweets, avait déjà pris le contrepied de la déclaration du gouvernement malien. A en croire le porte-parole de la mission onusienne au Mali, « ces soldats sont déployés depuis plusieurs années » dans le pays. Cela, dans le cadre d’un appui logistique pour le compte de l’un de leurs contingents. Aussi précise-t-il que, selon les informations en sa possession, la relève du 10 juillet aurait été préalablement communiquée aux autorités nationales (du Mali). « Les Eléments Nationaux de Soutien (NSE) sont des effectifs nationaux déployés par les Pays Contributeurs de Troupes, en soutien à leurs contingents. Il s’agit d’une pratique communément appliquée dans les missions de maintien de la paix », informe M. Salgado.
Rahoul Sainfort