Inédit. Pour la première fois dans l’histoire de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, les groupes parlementaires qui y siègent ont parlé d’une seule et même voix. A l’unisson, ils ont dit «Oui », le mardi dernier à Adama Bictogo, candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à la présidence de la chambre basse de Parlement ivoirien suite au décès, le 7 mai dernier, de l’ex-PAN Amadou Soumahoro. Ainsi, loin des clameurs politiques et faisant fi des divergences politiques, les élus des différentes formations politiques qui animent les débats à l’Assemblée nationale ont fait triompher le consensus. Pour dire certainement aux populations ivoiriennes que le sursaut national est possible. C’est l’une des leçons qu’on peut retenir de ces élections. C’est-à-dire que le vivre-ensemble prôné par le Président de la République Alassane Ouattara depuis des décennies est possible à condition que les uns et les autres fassent preuve de dépassement et mettent en avant l’intérêt de la nation au détriment des intérêts des chapelles politiques ou individuels.
L’Assemblée nationale, à travers ce vote historique, donne un signal fort et exprime sa volonté et son engagement à être le creuset de l’unité, du rassemblement, de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Afin que naisse la nouvelle Côte d’Ivoire réconciliée et unie pour le bonheur de ses filles et fils. «Il y a beaucoup de leçons à tirer de cette élection. Mais le message reste le même. Celui de dire que l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est aujourd’hui le miroir de la réconciliation. Nos peuples aspirent à la paix, à la tranquillité et au développement. En tant que députés, nous ne pouvons que faire valoir cette aspiration. L’Assemblée vient de dire aux Ivoiriens que le sursaut est possible. Impossible n’est pas ivoirien. Le miracle peut toujours se produire. Et, nous prions Dieu que cela soit le début du commencement d’une Côte d’Ivoire réconciliée au niveau des institutions, de ses filles et fils dans nos différences idéologique et politique », a affirme le député de Man, Sidiki Konaté.
En effet, de l’Assemblée nationale, la Côte d’Ivoire forte, développée et prospère dans les diversités politique, ethnique, culturelle, religieuse de ses enfants pointe le nez. En tous cas, chacun des élus souhaite que le consensus autour du successeur d’Amadou Soumahoro au perchoir fasse écho au sein des populations en vue de la réconciliation et de la cohésion sociale dans les villes, villages et hameaux.
Le constat est net : les élus dans leur ensemble sont déterminés à faire en sorte que la Côte d’Ivoire sorte des peurs, des angoisses, des tristesses, des douleurs qui ont marqué son histoire récente pour retrouver son lustre d’antan, sa réputation de havre de paix, d’hospitalité où il fait bon vivre. Le temps, selon eux, du rassemblement, de la réconciliation et la paix est venu. Ainsi, paraphrasant le philosophe français Paul Dorey, le porte-voix de l’opposition, le président du groupe parlementaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Doh Simon, a dit ceci : « La douleur nous a brisés, la fraternité nous relèvera, de nos blessures jaillira demain un fleuve de liberté ».
A l’en croire, la fraternité dont parle le philosophe apparaît, ici, comme un catalyseur qui a contribué dans des nations telles que la France, l’Allemagne, l’Europe, les États-Unis d’Amérique à guérir des plaies, à apaiser des douleurs provoquées par de graves crises entre des peuples. Pour lui, la métamorphose de ses nations a été possible grâce à des volontés politiques, à la détermination sans limites de leurs enfants qui ont conduit aux transformations spectaculaires qui font aujourd’hui de ces pays des modèles d’un vrai développement durable.
«Nous aussi, nous pouvons nous sublimer en les imitant, pour tracer ensemble le chemin d’un nouveau destin pour notre nation et transformer nos rêves en réalités pour notre bonheur et celui de nos enfants ainsi que les générations futures. C’est dans notre fragilité commune que nous devons trouver et activer les ressorts de nos liens de fraternité pour relever de nouveaux défis qui alimenteront une vision nouvelle pour notre nation », a-t-il affirmé sous les applaudissements nourris.
C’est clair comme de l’eau de roche. Pouvoir et opposition qui cohabitent à l’hémicycle ont maintenant compris la nécessité de taire les querelles politiciennes, les divisions et les incompréhensions pour recoudre le tissu social en vue de léguer aux générations futures un pays solide, développement et paisible. Quoi qu’on dise, la volonté des élus est forte et elle peut tirer le reste du pays vers des lendemains meilleurs. C’est pourquoi, le consensus qui s’est dégagé autour du président Adama Bictogo est à saluer à sa juste valeur. Il laisse un message de réconciliation et de paix aux Ivoiriens. Ainsi, il serait malsain de le monnayer comme tentent déjà de le faire croire certains. L’acte, on espère, est sincère et ne doit pas être au centre des interprétations partisanes. «C’est message de rassemblement, d’unité qui vient de l’Assemblée nationale, de la représentation nationale. J’espère que ce sentiment d’unité et de réconciliation qui a été porté par tous trouvera un écho au sein des populations ivoiriennes, auprès de nos frères et sœurs pour qu’enfin dans l’unité nous construisions tous notre pays dans notre diversité », a soutenu le président du Front populaire ivoirien (FPI), par ailleurs député de Bongouanou, Pascal Affi N’guessan. Gageons donc que le geste des députés inspire les uns et les autres afin de permettre à notre pays de fermer définitivement la parenthèse des élections violentes et meurtrières et des crises politiques.
Lacina Ouattara