Que cherche au juste Pulchérie Gbalet dans l’incarcération de 49 militaires ivoiriens, depuis le 10 juillet dernier, au Mali ? Son immixtion, impromptue et sans retenue, dans cette affaire suscite réflexion tant les agitations de cette présidente d’une organisation de la société civile, proche de l’opposition, intrigue. Après un séjour au Mali, selon elle, pour rencontrer les autorités maliennes afin de comprendre la situation, suivie de sorties sur les réseaux sociaux, Pulchérie Gbalet s’est fendue, hier, face à la presse, d’une déclaration sur l’arrestation de ces 49 militaires dans laquelle elle prend carrément fait et cause pour la junte au pouvoir au Mali en corroborant ses dires en ces termes : « Selon les autorités maliennes, non seulement l’État malien n’a pas été préalablement informé selon les normes internationales mais les concernés auraient donné de fausses identités. Les autorités maliennes ont contacté les autorités ivoiriennes qui, dans un premier temps, ont dit n’avoir envoyé personne à Bamako avant de leur dire plus tard que c’est la 8ème rotation d’un contingent ivoirien pour le compte de la Minusma ». Des propos très graves, qui ne reflètent pas non seulement la réalité mais surtout alimentent, à dessein, la manipulation orchestrée par la junte malienne. Car, à la vérité, les militaires, qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, étaient bel et bien au parfum de cette mission, d’autant que les armées ivoirienne et malienne étaient, via leurs états-majors respectifs, en contact dans le cadre de l’exécution de cette opération. A quel jeu joue donc Pulchérie Gbalet en prenant le contrepied de la version de la Côte d’Ivoire, allant jusqu’à créditer la thèse de « mercenaires » avancée par la junte malienne pour accabler ces soldats ivoiriens ?
Manifestement, cette supposée activiste des droits de l’homme emprunte un chemin sinueux qui trahit ses intentions réelles : être un relais de la propagande d’Assimi Goïta et ses camarades, arrivés par effraction et par la force des armes au pouvoir, qui consiste à discréditer tous ceux qui s’opposent à leur volonté de mettre le Mali sous coupe réglée. De toute évidence, Pulchérie Gbalet est en mission, à l’image de ces vrais faux chantres du panafricanisme qui se nourrissent d’un discours prétendument anti-colonial, pour une junte en manque de légitimité et qui recrute, à tour de bras, avec des espèces sonnantes et trébuchantes, des prétendus membres de la société civile panafricaine pour donner écho à sa philosophie souverainiste. Qui, en réalité, relève d’un mauvais populisme. Mais, au-delà de servir les intérêts de ces putschistes, qui essaient de séduire une certaine opinion africaine, sensible à la lutte pour l’émancipation de l’Afrique, Pulchérie Gbalet se jette dans une affaire où elle n’a rien à y faire. Car, elle concerne avant tout deux Etats et en plus, il s’agit d’une question militaire. Et qui dit militaire dit renseignements et secrets d’Etat. De plus, on avance, par la faute de ces putschistes, vers une crise réelle entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Ce n’est donc pas un jeu d’enfant où l’on vient amuser tout bonnement la galerie. Pulchérie Gbalet ferait donc mieux de se focaliser sur la vie chère et d’autres sujets sociaux que de s’aventurer sur un terrain glissant. Et si elle n’y prend garde, elle pourrait être inculpée pour intelligence avec l’ennemi.
Y. Sangaré