Cela fait 22 ans que Jean-Marie AdéAdiaffi, l’une des personnalités les plus emblématiques de la société ivoirienne et africaine, surtout, du monde des lettres, a été rappelé à Dieu ! Grand homme de culture (arts, spiritualité, etc.), il avait marqué aussi bien son temps, ses contemporains que les générations à venir ! Le 15 novembre, journée nationale de la Paix, correspondant à la date de sa brutale disparition, s’est tenue une cérémonie commémorative au Centre national de matériels scientifiques (Cnms), à Cocody, en présence d’éminentes personnalités politiques, culturelles, d’étudiants, parents, amis, connaissances, acteurs culturels et autres universitaires. Considérant Adiaffi comme l’illustre « figure glorifiée », le qualifiant de « mémoire sanctifiée », plusieurs témoignages ont exalté l’homme lors de ce 22e anniversaire de sa disparition. Initiée par l’association « Les amis du livre » présidée par le journaliste et écrivain Serge Grah, cette cérémonie visait à honorer la mémoire et à faire revivre le souvenir de l’une des plus grandes figures de la littérature contemporaine en Côte d’Ivoire. L’occasion était également belle de présenter officiellement l’œuvre qu’elle vient de publier en hommage à Adiaffi. Intitulé »Jean-Marie Adiaffi Adé : entre éclairs et foudres », l’ouvrage de 215 pages est parue aux éditions Vallesse et porte les signatures de plusieurs auteurs. Représentant la ministre de la Culture et de l’Industrie des arts et du spectacle, Harlette Badou N’guessan, Henri N’koumo, directeur du livre, a salué cette action qui fait revivre la mémoire de l’une des icônes des Lettres et de la culture ivoiriennes. L’une des figures de proue des lettres ivoiriennes, Jean-Marie Adiaffi a introduit le concept de « N’zassa » dans la littérature. Un genre fait de mélanges ou d’alliance et d’alliage de genres. Dans les années 1990, il crée alors le concept du « Bossonisme » (pour désigner les adeptes des religions africaines). Par son ingéniosité, Adiaffi pose ainsi la problématique de la protection, de la perpétuation et de la modernisation des religions africaines jusqu’alors qualifiées de «traditionnelles» et d’«animistes». Son style d’écriture « N’zassa », sans limite ! Cette cérémonie ponctuée d’une exposition photos de l’auteur a été ponctuée de jeu du tambour parleur, sous la conduite de Gboko Adjoumani, drumologue qui, à chaque battement, traduisait les « paroles » du tambour, partie intégrante de la vie de Jean-Marie Adiaffi. » Je suis le messager venu de l’aube des temps. Je suis sorti pour parler de traditions. Le nom d’un Grand homme ne s’efface jamais. Adiaffi est gravé dans nos mémoires, car son nom traverse les temps. De la façon tu fais ton lit, c’est de cette manière tu dors », a traduit le drumologue. Quant à Mme Bosson M’bra (Maitre de conférence à l’université Félix Houphouët-Boigny), elle a expliqué « le roman N’zassa d’Adiaffi », expression de la culture plurielle de l’auteur qui met en lumière le savoir-faire, l’intelligence créatrice, la variabilité du dire et du faire pour la promotion de la langue maternelle d’Adiaffi. Jules Tiburce Koffi, président du comité de restructuration du Burida, qui a pratiqué Jean-Marie Adiaffi, s’est offusqué devant la salle. « La Côte d’Ivoire n’est-elle pas en train de vivre » le naufrage de l’intelligence » dont parlait Adiaffi ? Quand des personnalités de haut rang célèbrent des concerts de Zouglou ou de Coupé décalé et que, la salle où on magnifie une icône qu’est Adiaffi soit aussi clairsemée ! » Lui qui a été encadré par Jean-Marie Adiaffi tout au long de son cursus universitaire pouvait aussi témoigner : « Je porte Adiaffi en moi ». Ainsi, pouvait-il égrener toute une panoplie d’anecdotes insoupçonnées sur son maitre. « Un jour, sur la Corniche (entre les quartiers de Plateau et Cocody), en voiture, Adiaffi me dit : ‘’C’est prestigieux pour un écrivain de faire la prison…’’Pour lui, Zadi Zaourou et bien d’autres hommes de lettres emprisonnés sont des écrivains de carrures. Et à la recherche de cette carrure, Adiaffi ne faisait qu’injurier le président Houphouët-Boigny, mais ce dernier n’a jamais daigné l’arrêter… ». Pour Tiburce, Adiaffi devrait en avoir gros sur le cœur contre Bédié avant sa mort. « Il voulait organiser le congrès du Bossonnisme à Abidjan. Le président Bédié étant aux affaires a donné son accord. Mais, à quelques jours de l’événement, Adiaffi n’avait plus accès au président Bédié », a rapporté Tiburce Koffi. Invariablement, toutes les personnalités qui ont eu voix au chapitre, ont souhaité que la prochaine commémoration du dernier voyage d’Adiaffi se fasse à Bettié, sur les terres de ses aïeux. Né en 1941 à Bettié (Abengourou), Jean-Marie Adiaffi Adé est décédé le 15 novembre 1999 à Abidjan. Il est l’auteur de plusieurs œuvres telles que « La carte d’identité » (roman), Grand prix littéraire d’Afrique noire en 1980 ; « d’Éclairs et de foudres » (poésie) ; « Galerie infernale » (poésie) ; « Silence, on développe » (roman) ; « Les naufragés de l’intelligence » (roman), etc.
JAD